L'invasion de l'Irak aurait été justifiée même si Saddam Hussein n'avait pas disposé d'armes de destruction massive (ADM), a estimé l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair qui avait engagé son pays dans la guerre en 2003. «L'idée était qu'il représentait une menace pour la région, dont le développement d'ADM faisait évidemment partie, et il a utilisé des armes chimiques contre sa propre population, c'était bien entendu le plus important dans mon esprit», a déclaré M.Blair dans une interview qui sera diffusée aujourd'hui sur la chaîne BBC1 et dont des extraits ont été publiés hier. Interrogé sur la question de savoir s'il aurait engagé son pays dans la guerre en mars 2003 même si Saddam Hussein n'avait pas disposé d'ADM, Tony Blair a répondu: «J'aurais continué à penser qu'il était juste de le renverser. Evidemment, nous aurions employé et développé des arguments différents quant à la nature de la menace.» Evoquant l'ancien dictateur Saddam Hussein, l'ex-chef du gouvernement (1997-2007) a poursuivi: «Je ne peux pas réellement penser que nous serions mieux si lui et ses deux fils étaient encore au pouvoir, mais c'est incroyablement difficile...J'avais une décision à prendre.» Cet entretien est diffusé à un moment où se poursuivent à Londres les audiences publiques de l'enquête sur l'engagement britannique en Irak dans le cadre desquelles M.Blair doit témoigner l'an prochain. Au centre de l'enquête figure le fameux «dossier», comme on l'appelle en anglais, présenté le 24 septembre 2002 par Tony Blair et qui affirmait que l'Irak disposait d'ADM susceptibles d'être déployées en 45 minutes. Il s'est ensuite avéré que ce dossier avait été musclé, la mention des 45 minutes ayant été ajoutée. Aucune ADM n'a été découverte en Irak après l'invasion de 2003 dirigée par les Américains et les Britanniques. La coalition «Stop the War» a estimé que les déclarations de Tony Blair constituaient un «aveu de crimes de guerre». «C'est un acte illégal d'agression selon le droit international d'attaquer un autre pays dans le but d'en changer le régime», accuse l'ONG dans un communiqué. «Le gouvernement de Tony Blair et la Chambre des Communes (Chambre basse du Parlement) n'auraient jamais approuvé une guerre si Blair avait donné cette raison», ajoute-t-elle. L'organisation appelle dorénavant au lancement de «poursuites judiciaires» contre Tony Blair «s'il réitère cet aveu devant l'enquête sur l'Irak». S'étant converti au catholicisme après avoir quitté le pouvoir, l'ancien chef de gouvernement a, par ailleurs, assuré que sa nouvelle religion n'avait pas eu d'influence sur sa décision: «Je pense que les gens croient parfois que ma foi a joué un rôle direct dans certaines de ces décisions. Cela n'a réellement pas été le cas.»