S'il est des choses que le séminaire organisé par la Ccfc à l'hôtel El-Djazaïr a révélées, c'est bien le fossé qui sépare la pensée politique de la philosophie d'entreprise. Les quatre communicants invités à juger de l'impact de la loi de finances complémentaire sur l'économie nationale globalement, et les entreprises en particulier, ont eu plutôt tendance à régler des comptes avec les politiques qui, depuis 1980, n'ont fait que passer à côté des préoccupations de l'entreprise algérienne. M.Mekidèche, vice-président du Cnes, s'il ne conteste pas le montant de 1800 milliards de dinars engloutis dans les vaines tentatives d'assainissement des EPE, n'en refuse pas moins catégoriquement que «ces montants fantastiques soient imputés intégralement au débit des entreprises. Il faudrait d'abord découper ces montants en leurs composants directement financiers, en soutien en nature par revalorisation des actifs. Ce qui reste ne représente qu'une faible part de ce que l'Etat, tout au long de ces 40 dernières années, a «détourné» comme valeur ajoutée qui aurait dû revenir aux entreprises». M.Rachid Hammouche ira plus loin en imputant la situation sinistrée des entreprises publiques «non pas à un modèle économique ou un autre, mais à la gestion des gouvernements qui se sont succédé et sans laquelle les entreprises seraient aujourd'hui florissantes». M. Boumaâza, directeur du budget au ministère des Finances, fera une bonne «lecture expliquée» des différentes dispositions de la loi de finances complémentaire 2001. On apprend ainsi que les entreprises bénéficient d'«un abattement fiscal de 40% sur les montants du chiffre d'affaires affecté à des donations à caractère culturel, social ou caritatif, à concurrence de 5% de leur chiffre d'affaires». En outre, et concernant les privatisations, on apprend que le ministre des Finances, absent du séminaire, était à l'APN pour défendre le projet d'ordonnance «instaurant un fonds spécial doté de 20 millions de dinars destiné à accompagner les entreprises candidates à une privatisation totale ou partielle qui en ferait une entité économique viable». En tout état de cause, et au-delà des approches polémistes des uns, de la position conciliante des autres, un consensus se dégage entre les experts autour de quelques axes porteurs. D'abord, en commentant la dernière sortie de MM.Hamrouche et Benbitour, jugeant «le plan de relance économique voué à un échec total», les experts présents s'inscrivent en faux. «7,5 milliards de dollars injectés dans le processus de relance permettront à l'économie algérienne un décollage acceptable, et un allégement considérable de la crise sociale», résume M.Mahmoudi, président de la Ccfc, «contrairement à la restauration des équilibres macroéconomiques qui, eux, ne sont pas un facteur, par eux-mêmes, d'une relance économique», précise M.Mekidèche. Le Fonds national pour l'environnement et la dépollution, celui pour le développement de la pêche et de l'aquaculture, sont autant de leviers visant directement l'amélioration de l'ordinaire et du quotidien des citoyens. Dans tout ce déballage chiffré, il y a une réalité politique incontournable qui se dégage, soulignée par l'ensemble des intervenants : globalement, la politique suivie «se distingue par sa cohérence et la complémentarité intersectorielles». Mais le déficit de communication, la rigidité des circuits de l'information institutionnelle et la frilosité des responsables risquent de «remettre en cause le résultat de l'effort le plus gigantesque que consent l'Algérie depuis les années 70»