Vous êtes encore peu nombreux à vous passer des billets pour effectuer vos achats. Pourtant, les Français aspirent à vous faire basculer vers l'utilisation du porte-monnaie électronique. Le e-commerce en Algérie, ce n'est pas pour demain. La sentence est de Fateh Gougam, responsable du projet monétique à Société Générale. C'est en ces termes qu'il s'est exprimé hier lors de la rencontre d'affaires monétique et informatique bancaire organisée à Alger par l'ambassade de France et Ubi France. En clair, il vous faut attendre encore longtemps avant de pouvoir effectuer vos achats par le biais d'Internet. Nawel Benkritly, directrice générale adjointe à la Société d'automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim), et Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), ont reconnu qu'il y a encore des efforts à faire pour généraliser l'utilisation de la carte de crédit et de la carte de paiement. Pour l'instant, Algérie Poste avec ses 6 millions de cartes, est le leader dans le domaine, selon Bouteldja Omari, directeur de la monétique. Les banques en ont fourni 500.000 à leurs clients. M.Benkhalfa pense qu'il n'est pas illusoire de tendre à doter la moitié des Algériens de ce moyen de paiement. C'est cette offre qui aiguise l'appétit des sociétés françaises spécialisées dans le conseil financier, dans la sécurité des transactions et dans la fourniture du matériel et de service. Si le geste de s'acquitter de ses factures depuis son domicile n'est pas encore entré dans les moeurs en Algérie, les Français pensent que ce n'est pas un écueil pour se préparer à investir dans le secteur de la monétique. Certaines d'entre elles, comme Viveo, ont déjà installé des filiales en Algérie, nous a indiqué Amine Agaoua, en charge de cette structure. D'autres comme Gemalto ont déjà décroché des marchés avec des sociétés algériennes à l'instar de la Satim. Certaines banques sont aussi clientes de sociétés françaises et souhaitent bien que ce flux puise continuer. A titre d'exemple, le CPA, la Cnep, Baraka Bank, la BEA et la Banque d'Algérie ont déjà eu à traiter avec une autre entreprise qu'est Cfao. Au total, ce sont neuf entreprises françaises qui se sont déplacées à Alger pour rencontrer leurs clients ou prospecter de nouvelles affaires. La perspective d'introduction massive des cartes Master et Visa ne fait que confirmer l'attractivité du marché local. Les banques et la Poste comptent développer ce secteur en installant de nouveaux distributeurs de billets et d'établir les cartes à leurs clients. Même si les écueils ne manquent pas. La Satim s'est rendu compte que les commerçants hésitent à installer des terminaux de paiement dans leurs boutiques car ils sont coutumiers des sous-déclarations des chiffres d'affaires de leurs sociétés. Alors on mise tout ou presque sur les gros facturiers. Cela devrait ouvrir la possibilité, avant la fin de l'année, de régler les factures de Sonelgaz, d'Algérie Télécom ou des opérateurs de téléphonie mobile ou l'Algérienne des eaux par des moyens électroniques. Cela est susceptible de susciter l'intérêt des citoyens à acquérir les cartes de paiement et au marché de connaître une nouvelle expansion. Des responsables du ministère des Finances et de celui de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication étaient aussi présents lors de la rencontre d'hier pour marquer l'intérêt qu'accordent les autorités algériennes à la monétique. La perspective de paiement électronique fait appel à l'achat d'un ordinateur, ce qui ne fait que présenter de nouvelles opportunités au marché. Le nombre de titulaires de cartes devrait atteindre un million contre un demi-million à l'heure actuelle. Les banques seront gagnantes dans l'affaire car elles ne seront pas contraintes de mobiliser une partie de leur personnel pour s'affairer à recevoir les clients au guichet. Les abonnés aux différents services ne seront pas contraints de se déplacer loin de chez eux pour régler leurs factures et de perdre un temps précieux dans des files d'attente. Il ne sera pas nécessaire, non plus, de disposer de cash. Ces avantages devraient inciter les citoyens à passer progressivement à l'utilisation de la monétique. Globalement, l'un des objectifs de la stratégie gouvernementale e-2013 est aussi d'arriver à faire adopter de nouveaux comportements aux consommateurs. Parmi les sociétés françaises qui promettent de se charger de cette mission figurent la Banque postale, Cfao Technologies, Labo Icaunais Encaissement Monétique et Hit Value. Pour cela, des rencontres d'affaires personnalisées ont eu lieu avec des responsables algériens des banques et des postes.