Même s'il est le plus élevé du Maghreb, le taux de bancarisation en Algérie reste relativement faible, et ce, à cause notamment de la forte implantation de la culture du cash et la perception qu'a le client de la CIB considérée seulement comme carte de retrait et non de paiement à la fois. La monétique n'est qu'aux balbutiements en Algérie. C'est, en effet, un secteur qui demande du temps pour se généraliser car il obéit à des critères d'organisation des banques, d'évolution et d'adaptation des réseaux ; à beaucoup d'investissements et à un effort culturel pour son adoption définitive. Pourtant, cela fait déjà huit années que le projet a été enclenché. C'est en 2002 que le projet de système de paiement interbancaire a été lancé, après avoir été confié à la Société d'automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim). Filiale de huit banques algériennes (Badr, Bdl, Bea, Bna, Cpa, Cnep, Cnma et El-Baraka), la Satim, dont le capital est de 1,14 milliard de dinars, est l'un des instruments techniques d'accompagnement du programme de développement et de modernisation des banques et de promotion des moyens de paiement par carte. En 2004, on a opté pour le système de paiement par carte conforme aux normes EMV (Europay Mastercard Visa). En 2005, le Comi (Comité monétique interbancaire) a vu le jour et en 2006 a démarré le pilote du système de paiement interbancaire (CIB). C'est en novembre 2007 que le système de paiement interbancaire a été généralisé, alors que durant l'année 2008 un grand effort a été déployé en vue de couvrir l'ensemble du territoire national par un réseau de plus en plus dense de distributeurs automatiques de banque (DAB) et de terminaux de télépaiement électronique (TPE). Cependant, les réformes introduites et les efforts consentis pour la généralisation de l'utilisation de la CIB n'ont pas suscité l'engouement du citoyen, qui reste encore assez réticent au mode de paiement par carte électronique. Preuve en est, les clients du plus grand établissement financier algérien (Algérie Poste) n'expriment toujours pas un grand engouement pour l'utilisation de la carte électronique. Alors que près de 6 millions de cartes magnétiques ont été confectionnées pour une clientèle de plus de 12 millions CCP et de 4 millions de comptes Cnep, 2 millions de cartes uniquement ont été utilisées sur les 4,5 millions retirées des bureaux de poste, soit 44%. Pis encore, 1,3 million de cartes demandées par les clients n'ont pas été retirées des bureaux de poste. Il faut dire que les quelques expériences négatives au démarrage (problèmes de télécommunication, méconnaissance des plafonds de retrait, blocage de la carte) ont amené les porteurs à être réticents à l'utilisation de la carte. Il y a souvent des pannes récurrentes au niveau des DAB, dues principalement à la dégradation de la qualité des billets de banque en circulation. La généralisation de la monétique passe d'abord par la fiabilisation des opérations. Certains experts estiment, par ailleurs, que sur le plan du marketing, la carte de retrait n'a guère bénéficié d'une promotion massive. La conception de ce produit ne semble pas avoir été soutenue par une bonne définition du profil du porteur. À l'époque de son lancement, la segmentation de la clientèle n'était pas intégrée comme instrument d'évaluation et de décision. La Satim évoque, pour sa part, d'autres contraintes qui ont fait grincer la machine. En plus du taux de bancarisation relativement faible, la Satim évoque une culture du cash très fortement implantée, des commerçant qui tendent à minimiser leur déclaration fiscale et qui contestent les taux de commission, ce qui ne facilite pas le démarchage des commerçants. Malgré un bilan au demeurant mitigé faisant ressortir une lente généralisation de la monétique, les pouvoirs publics ne comptent pas en rester à ce stade et envisagent une série de mesures visant à accélérer le développement du système monétique interbancaire en Algérie. C'est ainsi que pour booster cette opération, Algérie Poste a pris deux mesures importantes : la validité des cartes monétiques, qui était de 2 ans, a été portée à 4 ans et la réactivation des anciennes cartes dont la date a expiré dans un délai d'une dizaine de jours. Par ailleurs, la poste, qui dispose de quelque 680 distributeurs automatiques de billets, compte installer 200 autres au cours de cette année. Et, en prévision de la généralisation du paiement électronique, l'entreprise déploiera aussi 1 000 TPE. Reste à régler le problème des billets de banque, en état de dégradation avancée, pour parer les pannes récurrentes des DAB et encourager la clientèle à les utiliser davantage. Pour sa part, la Satim a annoncé une série de mesures qui seront entreprises par les pouvoirs publics pour accélérer le développement du système monétique interbancaire en Algérie. On évoque notamment l'émission d'un million de cartes interbancaires (CIB) et l'augmentation du nombre DAB pour atteindre 2 000 unités avant la fin de 2010. Le nombre total de CIB en Algérie devait atteindre 850 000 cartes à la fin de 2009, alors que le réseau national de DAB compte un peu plus de 1 300 distributeurs (700 DAB pour Algérie Poste et 600 pour les banques). Il sera aussi question que le développement de nouveaux services liés à la monétique portera sur le paiement des différentes factures (électricité, gaz, téléphonie...), l'introduction de cartes de péage électroniques pour les futurs usagers de l'autoroute est-ouest et du métro ainsi que la création d'un pôle de compétences pour la formation des ressources humaines dans ce domaine. La Satim annonce aussi l'ouverture prochaine sur l'international avec l'adhésion à Visa Card et Master Card. Ce qui est sûr, c'est qu'un réseau monétique interbancaire existe, qui ne couvre peut-être pas entièrement l'ensemble des besoins des populations, mais qui, en revanche, ne cesse de se développer. Néanmoins, le développement de la monétique reste encore en quête de progression, notamment en termes de pénétration des TPE et l'usage des cartes par les commerçants.