Les recettes des exportations hors hydrocarbures engrangées durant les trois premiers trimestres de l'année n'atteignent pas le milliard de dollars. L'Algérie pourrait réaliser une croissance économique record hors hydrocarbures de près de 10% en 2009, a indiqué dimanche le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui a baissé ses prévisions pour la croissance globale à 3,5% pour cette année au lieu de 3,9% annoncés auparavant. Or, la réalité est tout autre. Les chiffres le prouvent. En effet, les exportations hors hydrocarbures n'ont pas dépassé les 738 millions de dollars durant les neuf premiers mois de l'année en cours. Cet état des lieux, établi par le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis), et répercuté déjà dans nos colonnes, révèle l'existence d'une «économie hors hydrocarbures hors circuit» aux conséquences graves pour la balance commerciale rendant les équilibres financiers fort ardus sinon impossibles. Les exportations hors hydrocarbures sont en baisse de 50,66%. Elles n'ont représenté que 2,45% des exportations globales durant la période évoquée. Le montant très modeste de 738 millions de dollars, ne peut même pas assurer une semaine d'importations indispensables au quotidien du citoyen lambda. Cette situation, pour le moins scabreuse, a conduit divers premiers responsables d'institutions de l'Etat à se rencontrer hier au Forum d'El Moudjahid et débattre de la question. Ces organismes sont, notamment Algex, Anexal, Cagex, Optimexport aux côtés desquels participaient l'économiste Ahmed Serraï et plusieurs confrères responsables d'entreprises ou d'organismes économiques. Même si les intervenants ont focalisé sur des situations maintes fois rabâchées et connues de tous, il est intéressant de rappeler ici certaines vérités laissées à la traîne. Ainsi, Mohamed Benini, directeur d'Algex (Agence nationale de promotion du commerce extérieur), a estimé tout de go que «des dispositifs favorisant la production devraient être mis en place pour contrer l'importation» tous azimuts et d'ajouter pertinemment que «les investisseurs nationaux ont été découragés par le flot démesuré des importations». Il a souligné que «des potentialités sérieuses et importantes existent» tout en regrettant que «des marchés potentiels, comme ceux de l'Afrique de l'Ouest ou encore des pays arabes, ne soient suffisamment prospectés». Il citera à cet effet, la médiocrité des dessertes maritimes ou aériennes vers ces pays. Il relèvera en outre l'absence d'une «chaîne du froid» si nécessaire pour une exportation réfléchie. Il a cependant, rappelé le diagnostic «encourageant» établi en juillet dernier lors du Salon de l'import-export, avec la collaboration de l'organisme financier français Ubifrance, qui a retenu 44 parmi les 110 sociétés candidates pour bénéficier du programme Optimexport d'aide et d'appui aux entreprises nationales hors hydrocarbures tournées vers l'exportation. Lors de ce débat, la vulnérabilité des exportateurs algériens a été mise à nu. En effet, la bureaucratie pénalise les exportateurs venant de l'intérieur du pays qui doivent se déplacer durant plusieurs jours dans la capitale pour «retirer ou déposer un document!» L'apathie des banques a été également mise en cause comme l'a été surtout, le manque d'investissement dans la ressource humaine, en formant l'homme à même «d'aller» à l'assaut du marché international.