C'est en tous les cas ce qu'a laissé entendre le chef de la diplomatie espagnole après sa rencontre, lundi, avec la secrétaire d'Etat américaine. Sollicité par le président de la Rasd pour mettre fin au calvaire qu'endure depuis un mois la résistante sahraouie suite à son expulsion vers l'île de Lanzarote, le monarque espagnol ne s'immiscera pas, vraisemblablement, dans l'affaire Aminatou Haïdar. «Ce n'est pas à l'ordre du jour» a indiqué, lors d'un point de presse lundi à Washington, le ministre espagnol des Affaires étrangères. «Dans ce genre de cas, nous estimons que la responsabilité première incombe au gouvernement et par conséquent une intervention de Sa Majesté n'est pas à l'ordre du jour», a fait remarquer Miguel Angel Moratinos. Le chef de la diplomatie espagnole venait tout juste de rencontrer la secrétaire d'Etat américaine. Le cas de la militante sahraouie des droits de l'homme a été au menu de leurs discussions. Pas grand-chose, ou presque, n'a filtré à ce sujet. Hillary Clinton, qui avait fermement interpellé le ministre marocain des Affaires étrangères au sujet de la dégradation de l'état de santé d'Aminatou Haïdar qui a entamé une grève de la faim depuis le 16 novembre, a gardé cette fois-ci le silence. «Washington demeure inquiet pour le bien-être et la santé de la militante sahraouie Aminatou Haïder, lauréate du prix F. Kennedy pour les droits de l'homme 2008 et du prix 2009 du courage civil de la Fondation Train», avait souligné un communiqué de la secrétaire d'Etat américaine, rendu public le 26 novembre dernier. La montagne aura-t-elle accouché d'une souris lors de la rencontre tant attendue qui a réuni Hillary Clinton et Miguel Angel Moratinos? A en croire l'information figurant sur le site du quotidien espagnol El Pais, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Zapatero et son homologue américaine ont, au cours d'une conférence de presse conjointe, annoncé qu'ils allaient concentrer leurs efforts pour convaincre la militante sahraouie de cesser sa grève de la faim sans qu'elle renonce aux principes de la cause qu'elle défend. Une cause qu'Hillary Clinton et Moratinos ont qualifiée de «juste et légitime» selon le journal. Y a-t-il eu un compromis entre la pasionaria sahraouie et le gouvernement espagnol? Est-il sur le point d'être mis en oeuvre? Si l'on en croit les déclarations des responsables du Front Polisario qui se disent prêts à reprendre les pourparlers avec le Maroc, on peut penser que les choses commencent à bouger même si le climat actuel ne s'y prête pas. Le président de la République sahraouie a émis ses conditions à une éventuelle reprise des négociations «Loin de la logique d'escalade, de répression sauvage, des arrestations, des procès arbitraires...imposés par le gouvernement marocain aux citoyens et aux militants sahraouis» a écrit, dans un message adressé au secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Mohamed Abdelaziz. Ce qui pourrait expliquer l'optimisme de Ban Ki-moon à voir très prochainement reprendre des discussions entre les deux parties belligérantes. «Le 5e cycle des négociations devrait se tenir dans les plus brefs délais possibles car il nous faut faire des progrès dans les pourparlers. Nous devrons créer une certaine confiance politique entre les parties concernées», a déclaré lundi à New York, le secrétaire général de l'ONU dans sa conférence de presse mensuelle qu'il tient traditionnellement au siège des Nations unies. «Je continuerai de promouvoir le processus de négociations sur le Sahara», a souligné Ban Ki-moon. Il est cependant difficile d'imaginer une reprise sereine des négociations sans la résolution du cas d'Aminatou Haïdar. Il faut reconnaître que la pression internationale sur le gouvernement marocain n'a pas baissé d'intensité. La capitale parisienne a réitéré, lundi, sa préoccupation quant à l'état de santé de la militante sahraouie des droits de l'homme. «Comme nos partenaires de l'Union européenne, nous sommes préoccupés par l'état de santé de Mme Aminatou Haïdar et nous nous tenons informés. En fin de semaine dernière le secrétaire général des Nations unies a fait des propositions aux parties en vue d'aider à la résolution de cette situation. Nous soutenons toutes les initiatives qui permettraient de parvenir à une solution dans les meilleurs délais», a déclaré au cours d'un point de presse, Bernard Valéro, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.