Jusqu'à quand Mohammed VI continuera-t-il à faire la sourde oreille aux sollicitations de la communauté internationale afin qu'il mette fin au calvaire d'Aminatou Haïder, en grève de la faim depuis maintenant un mois afin d'obtenir le droit de retrouver sa famille à Al-Ayoune au Sahara occidental ? Hier c'est le gouvernement espagnol, par la voix de Manuel Chaves, ministre des Politiques territoriales, qui a assuré qu'il “va continuer à insister” auprès du Maroc pour permettre le retour au Sahara occidental de la militante sahraouie Aminatou Haïder. Ce poids lourd de l'Exécutif socialiste, considéré comme le numéro quatre du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, a affirmé que “le gouvernement espagnol ne va pas jeter l'éponge et va continuer à insister diplomatiquement et politiquement pour que Mme Haïder puisse retrouver son territoire et son domicile”. Il n'a pas manqué de rappeler à Rabat que toute la responsabilité lui incombe, en ajoutant : “Nous demandons au gouvernement du Maroc qu'il assume ses responsabilités parce que c'est le gouvernement du Maroc qui a créé ce problème.” Sur sa lancée, il a notamment souligné que l'admission de Mme Haïder sur le sol espagnol avait été “tout à fait légale” bien que celle-ci voyageât sans passeport, confisqué par le Maroc, et a nié “toute complicité avec le Maroc”. Il répondait indirectement au syndicat de la police espagnole, qui a jeté un pavé dans la mare en faisant endosser la responsabilité de l'entrée d'Aminatou Haïder sur le territoire espagnol. En effet, une polémique a éclaté en Espagne au sujet de la gestion de son entrée sans passeport dans ce pays, après avoir été expulsée par le Maroc d'Al-Ayoune occupé. Voulant couper court aux nombreuses critiques, de tout bord, dont fait l'objet son gouvernement accusé de “complicité” avec le Maroc dans la déportation de Haïder dans l'île de Lanzarote, le gouvernement espagnol a assuré que l'autorisation d'entrée de la militante sahraouie en Espagne a été prise dans le “cadre des prérogatives des autorités de la police des frontières”, d'autant qu'elle était en possession d'un permis de résidence en Espagne, pour des “raisons humanitaires”. Réagissant à ces déclarations, plusieurs syndicats de la police espagnole ont rejeté cette version, en regrettant que l'Exécutif veuille rendre responsable la police de cette situation de crise. “Nous n'allons pas permettre que l'on nous accuse d'être à l'origine d'un problème à caractère strictement politique”, a averti le syndicat unifié de la police (SUP), majoritaire au sein de la Police nationale espagnole. Dans le même contexte, les Etats-Unis ont exprimé au Maroc leur “inquiétude” pour la situation de la militante sahraouie des droits de l'Homme, Mme Aminatou Haïder, a indiqué un communiqué du département d'Etat. Ainsi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a fait part à son homologue marocain Taïeb Fassi-Fihri, dans un entretien téléphonique, de son “inquiétude” pour le sort de la militante sahraouie Aminatou Haïder. Selon le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly, Mme Clinton a évoqué “notre inquiétude pour la santé de Mme Haïder et notre souhait que l'on essaie de résoudre cette situation dès que possible”. À signaler que le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a demandé dans une lettre urgente adressée au roi d'Espagne, Juan Carlos, d'“intervenir en urgence” auprès du roi du Maroc pour le convaincre de faciliter le retour de la militante Aminatou Haïder à Al-Ayoune. L'intervention du souverain espagnol est tributaire des résultats qu'obtiendra le gouvernement Zapatero dans ses tractations avec Rabat. Il a également demandé au pape Benoît XVI d'intervenir pour mettre fin à la situation dans laquelle se trouve la militante sahraouie Aminatou Haïder. Enfin, 37 personnalités britanniques du monde politique et culturel ont adressé une lettre au Premier ministre britannique Gordon Brown l'appelant à “agir” pour permettre à la militante sahraouie Aminatou Haïder de retourner dans son pays et jouir de tous ses droits.