Après l'évasion de 17 détenus, les autres pensionnaires de la prison de Gdyel, à l'est de la ville d'Oran, ont tenté de prendre la clé des champs. Empêchés par la prompte réaction des gardiens, ils se sont mutinés après avoir incendié un bâtiment. Le procureur de la République a fourni, hier, quelques explications en précisant que l'ensemble des évadés (17) ont été repris, avant qu'ils ne s'éloignent de la périphérie du centre de détention. C'est aux environs de 14h 30 qu'un groupe de pensionnaires du centre franchit le portail de la bâtisse. Les gardiens, remarquant un mouvement suspect, déclenchent l'alarme et tentent de maîtriser la situation. Ce qui provoque la mutinerie. Les autres prisonniers rentrent alors, en pleine désobéissance. Ils incendient un bâtiment servant de dortoir. La confusion qui avait suivi ce début de mutinerie, a été vite maîtrisée grâce à l'intervention des éléments de la Bmpj de Gdyel et des gendarmes. Des pompiers et des ambulances sont dépêchés sur les lieux pour éteindre l'incendie et évacuer les blessés, des brûlés pour la plupart. Aux environs de 18h, l'ensemble des évadés réintègre l'enceinte de la prison, avant que des fourgons cellulaires ne les transfèrent vers d'autres centres de détention. La prison de Gdyel est en fait un centre de rééducation pour délinquants mineurs. Cette ancienne villa ne répond pas aux normes requises pour ce genre d'établissement pénitentiaire, plusieurs salles ne sont pas pourvues de sas ou de portes blindées pouvant prévenir ce genre de tentative. Le procureur de la République a révélé qu'une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances de la tentative d'évasion et sur les possibles complicités parmi le personnel de surveillance. Il révélera en outre, que plusieurs pensionnaires, inscrits dans des stages de formation, jouissaient d'un régime de semi-liberté, ce qui leur permettait de quitter l'établissement dans la journée. Il précisera, par ailleurs, que ce centre manque de surveillant. La question à laquelle devrait répondre l'enquête est comment des délinquants mineurs ont pu se procurer les allumettes et de la matière inflammable aussi facilement. Il semble que les leçons ne soient pas retenues. Après l'évasion de 100 prisonniers de la prison de Blida, au début des années quatre-vingt-dix, celle de Lambèse qui avait vu plus de 1000 détenus partir en cavale, celle de Mers El-Kebir ou encore la mutinerie de Serkadji, les choses semblent être encore gérées avec légèreté. Les structures pénitentiaires continuent d'être un endroit hermétique régi par des lois qui ont besoin de refonte. Mettre des mineurs au contact de criminels notoires est selon de sources une erreur qui pourrait entraîner des drames à l'avenir, car, au lieu de tenter la réinsertion sociale, on le met dans un environnement où tout est déviation. Nos prisons peuvent encore vivre des situations d'insurrection. La réforme de la justice aborde ce sujet et prévoit une meilleure prise en charge de ces endroits où le citoyen, privé de sa liberté, est censé être sous la protection de l'Etat. Plusieurs détenus, qui n'avaient rien à voir avec les mutins de Serkadji, avaient péri, après l'intervention des forces de sécurité. A Gdyel, des mineurs ont failli péri à cause de défaillances relevées dans la structure et la gestion de l'établissement et aussi à cause de l'esprit aventurier de certains de leurs camarades. Décidément, malgré tous les drames vécus par nos prisons, les leçons n'ont pas été retenues.