Présent au Salon du livre du Djurdjura, Brahim Tazaghart, responsable des éditions Tira a voulu converser sur ses projets, de la situation du livre en tamazight et surtout de son avenir. Tazaghart parle du livre comme d'un objet précieux que l'éditeur comme le lecteur doivent porter avec soin. La traduction, selon lui, doit permettre à tamazight de s'enrichir de la production des autres. L'Expression: Pourquoi avez-vous choisi le créneau de l'édition du livre? Brahim Tazaghart: Parce que je suis convaincu que l'homme vient au monde pour ne pas passer inaperçu. Il faut laisser une trace. Sinon, l'humanité n'aura aucune valeur. En tant qu'Algérien, on se doit d'être interpellé par ce qui se passe. Je ne crois pas que notre pays émergera à la lumière sans donner toute sa place à la culture. Pour moi, un peuple moderne se définit par l'écriture et la lecture. Je dois aussi vous dire que c'est mon expérience dans l'auto-édition qui m'a conduit à choisir le créneau difficile de l'édition en tamazight. La modernité suppose aussi que chaque problème doit trouver sa solution. Pour tamazight, la solution est de passer à l'édition malgré les difficultés. On voit ce qui se passe dans le monde et on réalise que le cas de notre langue n'est pas si dramatique qu'on le pense. Dans le monde, il y a exactement 74 langues écrites. Nous nous sommes dit que tamazight peut être la soixante-quinzième. Quels sont les créneaux que vous avez choisis d'éditer? Tout d'abord, j'ai évité de faire le parascolaire de manière simple. Nous avons choisi plutôt d'accompagner l'expérience du livre d'expression amazighe. Pour le reste, nous demeurons ouverts à l'arabe, au français et aux autres langues amazighes du Maroc et autres. Quelle est votre appréciation sur la production actuelle en tamazight? Ce n'est qu'un début. A présent, on assiste à l'émergence de la nouvelle et du roman. Il y a même des essais, tels que Iberdan N'tissas sur l'histoire et l'expérience d'un maquisard. Au lieu de l'écrire en français, l'auteur a préféré la transmettre en tamazight. Il y a aussi la traduction. Justement, en parlant de la traduction, que pensez-vous des auteurs qui aiment à traduire leurs oeuvres en français? Déjà, se faire traduire soi-même laisse à désirer. Nous avons traduit une auteure libano-syrienne de l'arabe vers tamazight. Nous avons l'objectif de dire que les deux langues nationales se doivent d'être, pour toujours, dans une relation de dualité permanente. On doit les croiser pour permettre l'émanation d'une culture nationale. Pensez-vous que l'école algérienne, depuis l'introduction de tamazight, a produit un lectorat suffisant pour appuyer l'édition? L'université de Tizi Ouzou et celle de Béjaïa ont de très importants potentiels de lecteurs.