Coup de tonnerre, hier, dans le ciel new-yorkais. Puissants et fragiles Etats-Unis ! Les avions «kamikazes» qui se sont écrasés sur les orgueilleuses tours du World Trade Center de New York, déjà cible d'un attentat voici quelques années, auront occasionné une phénoménale secousse à des Américains qui sont encore sous le choc. Ce n'est pas la première fois que des institutions américaines sont la cible d'attentats, à un titre ou à un autre, de victimes, avérées ou supposées de la toute-puissance américaine. Mais, cette fois-ci, le coup est réellement sévère et n'en doutons pas sera un tremblement ressenti par une orgueilleuse et arrogante Amérique blessée dans le tréfonds de son être. La vague d'attentats, où ce qui apparaît être des attentats - effondrement des deux tours du World Trade Center à New York, explosion au Pentagone (ministère de la Défense) et évacuation du Département d'Etat à Washington, chute de plusieurs avions sur le territoire américain - donne une dimension aussi spectaculaire qu'invraisemblable à cette série, survenue à une cadence trop bien orchestrée pour être de simples accidents ou incidents dans le pays le mieux protégé du monde. Les Américains, et avec eux le monde, sont tétanisés par cette suite d'événements hors du commun dont il reste à apprécier les motivations et les implications et retombées éventuelles. A New York, à Washington, à Philadelphie (chute de deux avions de ligne Chicago-New York) ce sont des faits, des actes, pour le moment non revendiqués, pour autant qu'il s'agirait d'attentats terroristes. De fait, des coïncidences seraient à tout le moins invraisemblables et peu probables, face à des actions qui semblent préméditées et minutieusement organisées et qui ressemblent fort à des attentats suicide. Peu d'éléments sont encore connus pour se permettre d'avancer dans une direction ou dans une autre. Les avions qui ont chuté à New York avaient-ils des voyageurs, ou seulement les pilotes et le staff technique, volontaires pour ces actions suicide? Les avions étaient-ils piégé? Beaucoup de questions, peu de réponses en l'état actuel des connaissances de ce qui s'est réellement passé hier. Les USA ne se connaissent pas de limite Aussi, convient-il de s'avancer avec prudence dans ce maelström et essayer de comprendre. D'abord, notons qu'en début de soirée, aucune revendication, si effectivement c'était un attentat, n'a été portée à la connaissance des médias. Ceci dit, ces attentats, peuvent être l'oeuvre des innombrables victimes de la toute puissance américaine, de ses passe-droits. Les Afghans, les Serbes, les Palestiniens, les Irakiens, pour ne citer que ceux-là, ont tous une dent contre l'extrémisme de l'oncle Sam. Mais, l'important n'est pas aujourd'hui de savoir qui est derrière, mais relever que les causes et raisons sont nombreuses qui auraient incité à une telle action extrême. Les fanatiques, les illuminés ne manquent pas. Comme ne manquent pas ceux qui luttent pour une plus juste cause. Et les Palestiniens sont encore ceux qui auront le plus souffert du déni de droit que leur imposent les Etats-Unis. De fait, il n'y a pas de peuples dans le monde qui auraient échappé à la poigne de fer américaine qui, par le feu, la dissuasion, la menace et l'intimidation, a imposé, de par le monde, les «valeurs et intérêts américains» comme vecteurs et normes de vie pour les peuples de la planète. La raison du plus fort a toujours eu raison de la morale et de la justice envers des peuples moins bien nantis, ne pouvant se faire entendre, défendre leurs droits, car muselés par l'arbitraire des puissants. Que dire dès lors de la prime à l'agression octroyée par les Etats-Unis à Israël qui noie dans le sang la résistance du peuple palestinien victime d'un déni de droit depuis plus d'un demi-siècle? Washington a ainsi placé l'Etat hébreu au-dessus des lois internationales communes à tous les pays du monde. Sinon comment peut-on expliquer que les Etats participant à la conférence mondiale contre le racisme à Durban, en soient réduits à produire un pusillanime texte dans lequel la conférence se suffit de se dire: «Préoccupée par le sort du peuple palestinien vivant sous occupation étrangère.» Il est bien écrit occupation «étrangère» et non israélienne, pour laisser l'Etat hébreu en dehors d'un contentieux qui le concerne en premier lieu. Ce tour de force a été réussi par les Etats-Unis qui se sont décerné le droit d'interpréter à leur seule norme les faits et événements de ce monde. Grâce à quoi les Palestiniens sont opprimés par des «étrangers», des fantômes, et non par Israël. Le scandale est qu'aucun Etat n'a dénoncé ce parti pris univoque, le secrétaire général de l'ONU, trouvant même moyen de se féliciter de «ce bon compromis» de Durban. Quand toutes les portes, y compris celles de ceux censés venir en aide aux peuples opprimés, se ferment, comment peut-on alors s'étonner que les peuples aient recours à la violence et à l'extrémisme pour se faire entendre? Les Irakiens meurent par milliers, chaque mois, du fait de l'embargo inhumain dont ils sont l'objet, depuis dix ans, et de l'opposition des Etats-Unis à sa levée. Ne sont-ils pas en droit de résister par leurs moyens? Quand les Américains formaient les futurs terroristes En tant que première puissance mondiale, les Etats-Unis se permettent et se sont permis, ne se reconnaissant de limite à leur pouvoir que leur bon vouloir, de nombreuses actions qui, le fait d'un autre Etat, auraient soulevé la réprobation universelle. Il en est ainsi du kidnapping dans son palais présidentiel d'un chef d'Etat en exercice, le président du Panama, Manuel Noriega, emmené, jugé et condamné aux Etats-Unis. Comme un vulgaire trafiquant. Cela s'est passé en 1989, devant le mutisme complice et lâche de la communauté internationale. Cette façon de faire, outre la qualité du mis en cause, aura entériné un pouvoir américain exorbitant, n'ayant de comptes à rendre qu'à ses seules valeurs et intérêts. Parce que leurs intérêts énergétiques étaient menacés au Golfe, les Etats-Unis ont annihilé un pays, l'Irak, et mis ses 25 millions d'habitants sous séquestre. La communauté internationale ne dit mot. Puissants et fragiles, Etats-Unis, qui sont aussi impuissants contre les démons d'un autre âge qu'ils ont eux-mêmes formés après les avoir éveillés. En Afghanistan, les Américains ont joué aux apprentis sorciers. Car l'effondrement de ce pays est essentiellement une oeuvre américaine. Dans la guerre froide opposant les deux superpuissances, tous les coups étaient permis. Mais peu ressemblent à ceux que les USA se sont permis dans les pays arabes et musulmans, où paradoxalement sont concentrées les richesses énergétiques mondiales. Dans l'ancien royaume afghan, les Américains ont semé la graine du terrorisme qui deviendra peu à peu leur adversaire principal. Car le terrorisme international est surtout une des conséquences de la stratégie que les Etats-Unis avaient élaborées consistant à contenir l'avancée du communisme certes, mais aussi tisser une toile d'araignée dans laquelle devaient s'emprisonner les régimes arabes et musulmans. Car il était surtout question d'opérer un contrôle total sur les pays arabes et musulmans, que Washington souhaitait voir tout à l'image du régime wahhabite saoudien. Ils y ont mis les moyens pour parvenir à leurs fins. Ce sont ces Américains qui ont formé et armé les islamistes afghans, financés par leur argent Oussama Ben Laden, qui deviendra, par la suite, leur ennemi public numéro 1 et le terroriste le plus recherché dans le monde. Ben Laden a forgé à son idéal des milliers de jeunes Arabes et musulmans qui ont semé dans leur pays la terreur et commis des horreurs. L'islamisme armé, ce sont les Etats-Unis qui l'ont éveillé en lui octroyant les armes les plus sophistiquées comme les Stingers. En début de soirée, les attentats n'ont toujours pas été revendiqués. Il n'en demeure pas moins qu'il faudra s'attendre à une réaction violente des Etats-Unis, comme ils le firent en 1998 en menant des actions de représailles contre les camps de Ben Laden en Afghanistan et contre une entreprise de fabrique de médicaments à Khartoum au Soudan. Que vont faire les Américains? Seraient-ils amenés, sous l'emprise de la colère, à frapper sans mesure et sans jugement contre des cibles qui peuvent s'avérer ne pas être celles appropriées, (il a été prouvé que l'usine soudanaise était ce qu'elle était et non pas un antre terroriste comme le soutenait Washington). Maintenant les implications de ce qui s'est passé hier, peuvent être énormes au plan politique et diplomatique. Ce qu'il convient de relever dès l'abord est qu'aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut se croire à l'abri d'un sévère contrecoup, ou de représailles de plus faibles que soit. L'arrogance est mauvaise conseillère, et c'est bien le péché des Américains qui se sont mis au-dessus des lois du monde. Le terrorisme n'épargne aucun pays et aucun Etat ne peut se dire immunisé, quand le laxisme de certains Etats - comme la Grande-Bretagne - permet à des terroristes notoires d'avoir pignon sur rue. Les Américains n'ont rien fait pour lutter contre le terrorisme, ils s'en sont même, dans certains circonstances, servis pour mettre à composition certaines parties. Maintenant reste à évaluer la retombée que ne va pas manquer de susciter la véritable catastrophe vécue hier par les Etats-Unis et les Américains. Il faut sans doute attendre la décantation qui interviendra dans les prochains jours.