La population ne fait pas d'efforts pour moderniser ses méthodes de récolte. Cette année, la récolte oléicole à travers la wilaya de Tizi Ouzou ne sera pas à la hauteur des attentes. Le rendement à l'hectare est de 6 quintaux contre 25 l'année dernière. En 2008, les oliveraies ont donné quelque 700.000 quintaux d'olives. Cette année, seulement 200.000 quintaux iront dans les 60 huileries. Les services agricoles évoquent de nombreuses causes techniques et humaines à l'origine de ce recul dans les quantités récoltées. Cependant, un silence radio entoure le vrai problème de l'activité oléicole. Les autorités 1ocaIes et les services de l'agriculture ne semblent pas encore près de s'attaquer aux causes qui font que l'huile d'olive de la Kabylie n'est pas commercialisable. Pourtant la production locale dépasse en quantité, celle des pays voisins. En effet, cette année, les services de l'agriculture prévoient une récolte de 200.000 quintaux pour une superficie plantée de 27.000 hectares. Il s'avère donc urgent de diagnostiquer les réelles embûches qui entravent les agriculteurs. Les oliviers ne sont pas généreux car, selon les techniciens du service de l'agriculture, ils ont reçu d'énormes quantités de pluie pendant la période de floraison. Ils rappellent que le mois de mars a été gratifié de 92 mm de pluie. En avril, il y a eu 133 et en mai pas moins de 69 mm. De leur côté, certains producteurs évoquent l'état d'abandon des oliveraies. Les arbres sont âgés et on peine à renouveler les plants. Les agriculteurs n'omettent pas de rappeler que les plans produits dans les pépinières ne remplacent jamais cet arbre issu d'opérations de greffage. Les autorités mentionnent les conséquences néfastes des 237 incendies qui ont dévasté quelque 6000 oliviers cet été. Cependant, les techniciens comme les profanes, constatent que l'huile d'olive de la région de Kabylie jouit d'une renommée qui dépasse les frontières de l'Algérie. La quantité produite, à superficie égale, est de loin plus importante que celle des pays voisins. Le problème reste, hélas, l'impossibilité de commercialiser ou de labelliser cette huile. Bien que les officiels soient peu bavards sur ce sujet, il n'en demeure pas moins que des connaisseurs évoquent de nombreuses causes à l'origine de cet enclavement. Ils ont tout de même essayé de donner des orientations sur la meilleurs manière de rendre l'huile d'olive de Kabylie commercialisable. Il convient de signaler que la commercialisation doit répondre à des normes et standards internationaux. Le Conseil oléicole international a arrêté le taux d'acidité maximum entre 0,8°C et 1,5°C par 100 g depuis 1956. Jusqu'à aujourd'hui, notre production n'est jamais descendue à moins de 6% ce qui l'exclut des circuits commerciaux internationaux. Cet état de fait condamne cette richesse à demeurer comme produit du terroir qui n'a pas d'incidence économique sur la région. Or, elle devrait en en faire une vocation économique. L'huile d'olive est l'otage de réflexes héréditaires d'une population qui peine à adopter un regard nouveau, c'est-à-dire purement économique et commercial envers ce patrimoine ancestral. Cet attachement congénital aux méthodes anciennes de récolte cause d'énormes dégradations à la production pendant la chaîne de conservation. La récolte subit des retards pendant la cueillette alors que l'olive est meilleure lorsqu'elle n'a pas encore atteint la totalité de sa noirceur. Les techniciens affirment que les méthodes de stockage doivent obéir à des normes d'hygiène et de conservation bien définies. En fait, ces recommandations pour une récolte moderne n'arrivent pas à se transformer en réflexes chez la population. Cela ne facilite pas le travail des services de l'agriculture de la wilaya qui ont mis beaucoup de moyens techniques et financiers pour réussir des contrats de performance très ambitieux pour l'horizon 2014. Enfin, les mêmes services ne sont pas impuissants uniquement face aux vieux réflexes mais également face aux comportements antiéconomiques. Car même si les populations adoptent les normes de récolte les plus avant-gardistes, l'huile d'olive de Kabylie ne pourra pas répondre aux standards internationaux d'acidité. La cause vient des huileries acquises dans le cadre du Pndra. Importées sans raffinerie celles-ci ne peuvent traiter l'huile pour améliorer sa qualité en baissant le taux d'acidité. Ainsi, l'huile d'olive de Kabylie, faute d'efforts de la population pour moderniser ses méthodes de récolte, devra se contenter d'un prestige acquis par les ancêtres. La modernisation des équipements, d'un autre côté, devra obéir à des critères plus rigoureux pour ne pas déboucher sur des huileries sans raffinerie.