De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le cap des dix millions de litres d'huile d'olive sera facilement dépassé cette année dans la wilaya de Tizi Ouzou, vu les derniers chiffres et l'évolution du processus de production lancé depuis plusieurs semaines, à savoir la cueillette et la trituration. En fait, les prévisions en matière de production de la direction des services agricoles de la wilaya ont été largement dépassées, notamment en ce qui concerne la quantité d'olives récoltée sur les 27 369 hectares de superficie en rapport. Et la cueillette des olives se poursuit à ce jour, puisque la récolte n'a touché pour l'instant que 13 365 hectares de cette superficie, selon le chef du service du développement agricole au niveau de cette direction, en l'occurrence M. Abderrahmane Ouali, qui annoncera la production de quelque 345 000 quintaux d'olives, soit un taux de rendement de 26 quintaux à l'hectare. Ce qui confère un caractère exceptionnel à la production de cette année, car l'année dernière, seulement 263 000 quintaux d'olives ont été récoltés sur toute la superficie en rapport, à savoir 27 400 hectares, alors qu'aujourd'hui moins de la moitié de la superficie a produit beaucoup plus de ce fruit. Selon notre interlocuteur, sur les 345 000 quintaux d'olives récoltés, 136 896 ont été triturés et ont donné plus de 2,7 millions de litres d'huile, soit un taux d'huile de 17%, c'est-à-dire 17 litres par quintal d'olives. «La production et le rendement d'olives et d'huile sont conformes aux prévisions initialement fixées», affirme M. Ouali, qui signalera le caractère exceptionnel de la production de cette année, en présentant les chiffres concernant la production de l'année écoulée en guise de comparaison. C'est de bonne augure pour cette wilaya, classée deuxième après celle de Béjaïa, en termes de patrimoine oléicole. D'ailleurs, la population a constaté une forte baisse du prix du litre d'huile d'olives selon les localités. De 400 DA le litre, l'huile d'olive est proposée dans certaines localités à 250 DA. Elle reste cependant un peu chère dans d'autres régions, comme au chef-lieu de wilaya où elle est proposée à 350 DA le litre. Un prix que les consommateurs ne comprennent pas vraiment puisque la production de cette année, qualifiée d'exceptionnelle en termes de quantité, devait engendrer un effet sur le prix. Et les propriétaires d'oliviers expliquent cette situation par les prix élevés affichés dans les huileries. En effet, la trituration est facturée selon un accord entre l'oléifacteur et l'oléiculteur. Au niveau de certaines huileries, le quintal d'olives est trituré à 350/400 DA, alors que d'autres préfèrent prendre 1/7e du produit à l'issue de la trituration, toujours avec l'accord des propriétaires des oliveraies, dans le cas où ces derniers n'ont pas les moyens de payer la prestation de service. Pourtant, les huileries ne manquent pas dans la wilaya de Tizi Ouzou et leur nombre important devrait encourager la concurrence, qui reste le meilleur atout qui favorise la baisse du prix de la trituration. En effet, pas moins de 416 huileries sont fonctionnelles dans la wilaya de Tizi Ouzou, selon le chef du service du développement agricole à la direction de l'agriculture, qui précise qu'au sein du parc huilier de la wilaya il existe 93 huileries modernes, dont 36 ont été subventionnées par le Fonds national de développement agricole (FNRDA), alors que le reste du parc huilier est constitué de 323 huileries traditionnelles. Il faut dire que la wilaya de Tizi Ouzou ne bénéficie pas vraiment de retombées économiques importantes de cette production, dans la mesure où le marché n'est pas organisé de façon optimale. Beaucoup de propriétaires d'oliveraies préfèrent travailler en noir pour ne pas devoir payer les taxes et les impôts de l'Etat qui réduiraient leurs gains. Surtout que beaucoup de familles vivent du produit de leur récolte. Il y a également, et surtout, l'aspect exportation que la production oléicole ne sert pas dans cette wilaya qui en a justement besoin. «Malheureusement, notre huile d'olive n'est pas exportable, notamment vers l'Europe pour cause d'un taux d'acidité relativement élevé», dit encore le responsable au niveau de la Direction des services agricoles de la wilaya qui ne manquera pas d'affirmer que «le taux d'acidité n'est pas encore maîtrisé dans notre pays à cause des techniques de cueillette, de transport et de stockage». Donc, l'huile d'olive algérienne ne répond pas aux normes de raffinage en vigueur sur le continent européen, d'où la réflexion en cours au niveau de la direction des services agricoles de la wilaya de Tizi Ouzou avec l'objectif justement de maîtriser le taux d'acidité de ce produit. Selon Abderrahmane Ouali, il s'agit pour les responsables de ce secteur, dans la wilaya, de soutenir les oléiculteurs et les oléifacteurs pour l'acquisition de différents matériels permettant de réduire le taux d'acidité de leur produit. L'acquisition de caisses en plastique, d'abris et de plates-formes contre les intempéries, des appareils de cueillette comme les secoueurs, les filets et d'autres, ainsi que, pour les oléifacteurs exclusivement, des cuves de stockage d'huile. Tout ce matériel réduira de beaucoup le taux d'acidité de l'huile d'olive et permettra enfin à ce produit de grande qualité d'être commercialisé dans les pays européens et ailleurs, au bénéfice des oléiculteurs de la wilaya de Tizi Ouzou mais aussi des autorités de la wilaya et des communes.