Toutefois, Belgrade aura de nombreux obstacles à lever pour rejoindre une Europe qui regroupera sans doute d'ici à 2015, 28 à 29 pays. Le président serbe Boris Tadic a déposé officiellement à Stockholm la candidature d'adhésion de son pays à l'UE, mais l'ex-République yougoslave, longtemps au ban du processus d'intégration européen, doit encore lever de nombreux obstacles. M.Tadic a effectué un premier pas symbolique sur la route de son «objectif stratégique» en remettant la candidature de la Serbie au Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt dont le pays assure la présidence de l'Union européenne jusqu'au 31 décembre. «Nous en sommes à dix années de vie démocratique, 10 ans après la fin de la guerre, 10 ans après la fin de notre isolation. Durant ces 10 années, notre principal objectif a été d'intégrer la Serbie à l'Union européenne», a déclaré M.Tadic en référence aux années qui ont suivi la chute de Slobodan Milosevic. Parallèlement, l'UE a débloqué le même jour une aide budgétaire de 50 millions d'euros à la Serbie, première tranche d'une enveloppe de 100 millions pour aider le pays à atténuer les conséquences de la crise économique et l'aider à poursuivre les réformes liées à son éventuelle intégration. M.Reinfeldt a salué un «geste historique» de la Serbie qui reflète «la forte détermination de son gouvernement». Mais un long processus va maintenant se mettre en place car l'éventuelle adhésion ne devrait pas intervenir avant 2014 voire 2018, compte tenu du travail à faire dans ce pays de 7,5 millions d'habitants. Belgrade doit «terminer les réformes, trouver les criminels de guerre (...), assurer la démocratie et l'économie de marché» sur son territoire, a énuméré M.Reinfeldt. Sans parler du Kosovo, dont 22 des 27 pays membres de l'UE ont reconnu l'indépendance, déclarée unilatéralement en février 2008 par Pristina, et à laquelle Belgrade - avec l'appui de Moscou - s'oppose, considérant ce territoire comme sa province méridionale. M.Tadic a réitéré la position serbe: «la Serbie doit devenir un pilier de la stabilité dans la région. Pour cela, nous devons surmonter des défis, mais cela ne veut pas dire que nous reconnaîtrons l'indépendance du Kosovo». Il a toutefois souligné que son pays avait beaucoup évolué ces dernières années et que Belgrade comptait trouver, sur le sujet, un accord dans l'intérêt de tous. «On ne peut pas comparer la Serbie d'aujourd'hui avec celle des années 90. Nous défendons notre intérêt national légitime, mais nous le faisons en employant exclusivement des instruments diplomatiques et légaux. La Serbie est un pôle de stabilité dans les Balkans», a affirmé le président serbe. Concernant la capture de l'ancien chef militaire des Serbes en Bosnie, Ratko Mladic, et de l'ancien responsable des Serbes de Croatie Goran Hadzic, le chef de l'Etat serbe a assuré que cette question était la première qui l'accaparait en débutant sa journée. Sur les délais d'adhésion, MM.Tadic et Reinfeldt, ainsi que le Commissaire européen à l'Elargissement Olli Rehn, se sont accordés pour dire que tout dépendait des efforts serbes. «Il n'y a pas de délais, tout dépend des efforts de la Serbie», a affirmé M.Reinfeldt. M.Rehn a estimé que la procédure pouvait aboutir «dans les dix ans» qui viennent, à condition que «la Serbie poursuive ses réformes sur le rythme actuel». Le président Tadic s'est voulu plus optimiste en assurant que «le Jour J était fixé en 2014». «Il n'est pas certain que nous y parviendrons, mais c'est pour nous un objectif. Si nous travaillons très dur, nous pouvons créer une surprise positive», a-t-il conclu.