Le projet de résolution demande encore à l'Erythrée de retirer ses troupes d'une zone frontalière disputée avec Djibouti, comme le Conseil l'exigeait dans sa résolution 1862 de janvier 2009. Le Conseil de sécurité de l'ONU devait adopter hier des sanctions contre l'Erythrée pour son action déstabilisatrice en Somalie et son hostilité envers son voisin Djibouti. La résolution, de facture ougandaise, devrait être adoptée haut la main par les 15 membres du Conseil. Selon plusieurs diplomates, seule la Libye devrait voter contre ou s'abstenir. Le texte exige que l'Erythrée, indépendante de l'Ethiopie depuis 1993, cesse sa campagne «destinée à déstabiliser ou renverser» le gouvernement fédéral de transition (GFT) somalien. En outre, il exhorte tous les membres de l'ONU à inspecter l'ensemble des cargaisons en partance pour la Somalie et l'Erythrée depuis leur territoire, dans le cas où les autorités seraient portées à croire que ces cargaisons contiennent des armes sous embargo ou du matériel similaire. Le projet de résolution demande encore à l'Erythrée de retirer ses troupes d'une zone frontalière disputée avec Djibouti, comme le Conseil l'exigeait dans sa résolution 1862 de janvier 2009, et de lancer des discussions devant mener à «un accord acceptable» par les deux pays sur cette zone controversée. Plus largement, il appelle tous les Etats membres - et en particulier l'Erythrée - à arrêter d'«armer, d'entraîner et d'équiper les factions armées (dont les militants islamistes de Somalie) qui ont pour objectif la déstabilisation de la région et l'incitation à la violence et le désordre civil à Djibouti». Enfin, il prie le secrétaire général Ban Ki-moon de rendre compte de la conformation de l'Erythrée avec la résolution dans six mois. Dans une lettre adressée à son homologue burkinabé Michel Kafando, l'ambassadeur d'Erythrée à l'ONU, Araya Desta, a appelé «tous les membres du Conseil de sécurité à exercer de leur influence pour s'assurer que le projet de résolution soit rejeté dans sa totalité». Dans le même souffle, il accuse les Etats-Unis d'être «le principal auteur de cette résolution» qui n'a, selon lui, «aucune base réelle ou juridique». «Le Conseil de sécurité de l'ONU ne saurait sanctionner l'Erythrée pour ses points de vue, simplement parce qu'elle ne partage pas les choix politiques et les affinités de Washington», écrit M.Desta. Les Etats-Unis accusent régulièrement l'Erythrée de fournir un soutien logistique aux rebelles en Somalie, pays qui n'a pas connu la paix et la stabilité depuis près de 20 ans. Tant l'Union africaine (UA) que l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) avaient appelé l'été dernier le Conseil à sanctionner l'Erythrée pour son soutien aux islamistes radicaux en Somalie. L'Igad regroupe Djibouti, l'Ethiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan et l'Ouganda. La dispute frontalière avec Djibouti a une acuité particulière, puisque ce pays héberge des bases militaires françaises et américaines. Quelque 1200 soldats américains y sont stationnés.