En quelques mois, la mission des Nations unies à Kaboul (Unama), principal soutien civil de Hamid Karzaï, a chancelé à trois reprises avec notamment une grave crise interne. Décrédibilisée par sa gestion de la présidentielle controversée et affaiblie par une attaque des taliban, l'ONU devra redoubler d'efforts pour redorer son blason en Afghanistan et tenter de soutenir au mieux le gouvernement du président Hamid Karzaï. En quelques mois, la mission des Nations Unies à Kaboul (Unama), principal soutien civil de Hamid Karzaï, a chancelé à trois reprises: une grave crise interne qui éclate au grand jour, cinq employés tués fin octobre à Kaboul dans une attaque des taliban et l'annonce du départ de son patron norvégien, Kai Eide, qui n'a pas cherché à rempiler pour un second mandat. Et ces problèmes paralysent l'ONU au moment où elle devrait aider Hamid Karzaï à mener ses réformes, déplorent plusieurs responsables onusiens. «Nous devons retrouver impartialité, neutralité et crédibilité et cela prendra la majeure partie de l'année», estime l'un d'eux sous couvert de l'anonymat. «Il y a un grand soupir de soulagement parce qu'il (Kai Eide) s'en va, mais il y a également beaucoup de tristesse parce que notre réputation a souffert et que cela va prendre du temps pour la redorer», ajoute-t-il. Le chef de l'Unama doit finir son mandat fin janvier avec la conférence de Londres, où Afghans et Occidentaux doivent notamment discuter des moyens de lutter contre la corruption endémique qui mine le pays. Le nom de son successeur n'a pas encore été annoncé. Les problèmes de l'Unama, dont le budget est estimé à 2 milliards de dollars par an, sont apparus au grand jour lors de la grave crise politique qui a suivi le scrutin présidentiel du 20 août. Accusé de vouloir fermer les yeux sur les tricheries électorales alors qu'un quart des bulletins de vote étaient frauduleux, Kai Eide est apparu aux yeux de l'opinion afghane et internationale comme pro-Karzaï, abîmant l'image d'impartialité de l'ONU. Son adjoint américain, Peter Galbraith, s'est opposé à lui mais a fini par démissionner. Le successeur de Kai Eide héritera en outre d'une structure décimée par les départs, une «hémorragie cérébrale» selon un responsable onusien. Après l'attaque du 28 octobre dans une maison d'hôtes de Kaboul où périrent 5 employés de l'ONU, des centaines d'entre eux ont en effet été évacués. Et ceux qui sont restés à Kaboul doivent désormais respecter des règles strictes de sécurité qui compliquent singulièrement leur vie. Des diplomates occidentaux craignent que sans le patronage de l'ONU, le président Karzaï manque du soutien nécessaire pour assainir comme il l'a promis la gouvernance. «Avec une représentation de l'ONU en si faible posture, manquant de coordination et minée par les dissensions, les choses continueront sur le même rythme, même après l'entrée en fonction du nouveau gouvernement», estime Ahmed Saidi, un ancien diplomate désormais analyste politique, qui ne voit «aucun sérieux dans la lutte contre la corruption». De leur côté, les ambassadeurs occidentaux sentent bien qu'ils doivent voler au secours d'une institution décrédibilisée, dont les objectifs civils ne semblent guère peser face aux impératifs militaires des troupes occidentales, qui se sont renforcées et obéissent à une stratégie élaborée à Washington. «L'ONU est la source de légitimité de la communauté internationale et en dernier recours le parapluie sous lequel nous travaillons tous», explique un diplomate européen. «Et nous savons que nous devons aider à la reconstruction et au renforcement de son autorité».