L'auteur rend hommage à ceux qui ont perdu la raison, chassés de leurs maisons ou ceux qui sont dans les prisons. Victime ou coupable est un recueil du poète Ladjal Kamel qui ne doit son existence qu'à la bonne volonté et l'amour pour l'art du directeur de la culture de Bouira, Omar Reghal. L'oeuvre a moisi des années durant dans les tiroirs sans que personne n'ose écouter un poète assimilé à un fou qui se débat dans sa solitude. Kamel Ladjal est professeur de français, né à Aïn Bessem. II se résume dans ce passage: «Tout le monde me disait que j'avais tort! J'étais seul à penser que j'avais raison. Quand tout le monde me dit que j'ai raison. Je me rends compte à quel point j'avais tort...» Dans une société occupée à survivre, l'art ne peut vivre. La venue du directeur de la culture et son souci d'émanciper la culture est saisie par Kamel qui propose à la publication de son recueil composé de 28 poèmes. La publication est préfacée par l'auteur-journaliste, Tahar Ould Amar, qui dira entre autres: «...Dommage! Sa publication au moment où l'intégrisme "battait son vide" aurait été une manière agissante de sublimer la vie dans toute sa splendeur et, ce faisant, damer le pion à l'intolérance.» L'oeuvre débute avec le poème Bonne année. L'auteur rend hommage à ceux qui ont perdu la raison, chassés de leurs maisons, qui sont dans les prisons, regardent l'horizon, aux invalides, ceux qui souffrent du vide, avec un visage plein de rides mais qui n'ont aucun guide...Reprenant les vérités de la vie, la femme occupe une grande place dans les écrits de Kamel. Le poème qui donne le titre à l'oeuvre relate la déception d'une jeune fille qui fête ses seize ans le jour de l'Indépendance. Ayant perdu toute sa famille, elle ne regrette pas car elle avait toute l'Algérie. La suite est peu reluisante. Tout l'espoir s'en va et laisse place à la déchéance et l'humiliation même si la prostituée donne le plaisir aux autres sans rien éprouver. La femme mère, soeur, épouse, fiancée et Amour est la thématique développée, disséquée dans une oeuvre qui renseigne sur l'amour mélancolique qui rongeait et basculait les états d'âme du jeune Kamel. Un accablement sentimental que subissaient beaucoup de jeunes de sa génération et de sa condition. En ce sens, le poète est témoin de son temps, dira Tahar Ould Amar dans sa préface. Les méandres de l'amour, Etre un homme, chômeur Une...qui n'a jamais vu, Toi ma mère Aïe...sont autant de textes où l'auteur cherche un sens à l'existence, dans une composition dont seuls les artistes ont le secret.