Difficile de commenter un livre dont on a suivi l�itin�raire depuis le d�but et plus difficile encore de d�crire un po�te que l�on c�toie presque quotidiennement. Cela �tant, si l�on venait � me demander de d�crire en un mot ce travail qui aura dur� pr�s d�une d�cennie, je dirais imm�diatement que la r�ponse est dans le titre lui-m�me : �Le r�ve�. En effet, le po�te qu�a toujours �t� Mohamed Aouane, plus connu sous le pr�nom de Slimane, a enfin r�alis� son r�ve. Un r�ve rendu possible gr�ce � une maison d��dition, La Pens�e, dirig�e par un universitaire talentueux et tr�s respectueux de l�art et de la culture, Arkat Mohand, qui a accept� de courir le risque d��diter des travaux, pas seulement celui de Slimane Aouane mais beaucoup d�autres, � ses frais. C�est que le long temps qu�a mis ce recueil � voir le jour et �tre enfin dans les librairies est d� justement � ce dilemme que rencontrent des milliers d�auteurs quant � l��dition de leurs �crits et autres essais. Malgr� la floraison de maisons d��dition � travers le pays, il se trouve que pas une seule n�accepte d��diter des essais et autres recueils � leurs propres frais. Toutes exigent l��dition � compte d�auteur. Pour revenir au contenu de ce recueil de po�sies, nous ne pouvons le d�crire mieux que l�auteur lui-m�me. �Mes po�mes expriment mes sentiments, ma tendresse, mon amour, ma tristesse mais aussi ma haine envers tous ces �tres qui la s�ment�, �crit-il dans l��pigraphe. Voil� en r�sum� le contenu du recueil. Le lecteur aura �t� averti d�s l�abord, dans l��pigraphe. Avant m�me la pr�face. Une caract�ristique de l�auteur et du po�te qu�est Slimane Aouane. D�une sinc�rit� sans bornes, d�une sensibilit� propre aux po�tes, il aura averti d�s l�abord, sans trop tarder ni essayer de gagner du temps, le lecteur quant au contenu. �A lire ou � mettre au placard, ou m�me jeter�, semble leur dire le po�te. Pas de place pour le mensonge. Le lecteur est averti d�s l�abord que le recueil qui est entre ses mains est un concentr� d�amour, de sentiments et de tendresse, mais aussi de morale et autres appels � conscience. Les premiers sont regroup�s dans un chapitre d�nomm� �Cri de passion� que l�on trouve dans la deuxi�me partie du recueil, et o� l�on retrouve d�extraordinaires textes bien rythm�s. On songe � �Femme id�ale�, �J�ai lu dans tes yeux�, �Ne m�en veux pas�, �Les filles que j�ai connues�, etc. Beaucoup de po�mes d�di�s � la femme, � la jeunesse, � l�amour pour la beaut� et pour la vie, tout simplement. Cependant, malgr� toute la sensibilit� qui le caract�rise, la premi�re partie du recueil, on l�aura devin�, l�auteur l�a r�serv�e pour ses �tats d��me : � Cri de conscience�. Le connaissant, Slimane Aouane qui est n� en 1952 � El-Esnam, dans la wilaya de Bouira, et qui a v�cu toutes les �tapes qu�a travers�es le pays ; le po�te qu�il est ne pouvait qu��tre t�moin de son temps. Et il l�est de par ses po�mes tant il n�y a pas un sujet ou un �v�nement v�cu par le pays qu�il n�ait abord�. La d�mocratie � ancrer dans les m�urs, la bonne gouvernance, le dialogue, la paix � instaurer, sont tout au long de ce chapitre, distill�s comme pour montrer le chemin � suivre. Tel un vrai p�dagogue, l�auteur veut que son message soit celui d�un sage. Et il le dit dans l�un de ses po�mes intitul� La le�on d�un sage. �Lorsque le destin est bien pris en main, les probl�mes fuient le terrain ; si tu savais ce que nous avions endur� dans le temps, les v�tres repr�sentaient pour nous la verdure du printemps ; la vie vous a toujours souri pourtant, mais vous avez rat� des moments importants.� Par ailleurs, et c�est parce que l�auteur est un digne fils de chahid, celui-ci ne cache pas ses sympathies pour les r�volutionnaires auxquels il rend des hommages particuliers � l�instar de Abane Ramdane dans La grandeur d�un h�ros, Boudiaf dans L�exil�, aux fondateurs du CNSA et particuli�rement � Abdelhak Benhamouda dans Les sauveurs, aux fondateurs de l�EN ALN/FLN dans Pour l�amour de la patrie. Mais aussi � Boumediene dans Le visionnaire. L� et bien que le po�te ait affirm� � maintes reprises que son po�me a �t� �crit au d�but des ann�es 1980, soit quelques ann�es apr�s la mort du pr�sident Boumediene, il n�en demeure pas moins que l�auteur qui vivait dans un milieu o� le d�funt Boumedi�ne n��tait pas parmi les plus v�n�r�s savait qu�il allait heurter la sensibilit� de certains et il le dit d�embl�e dans son po�me m�me. �Ceux qui comme moi avaient v�cu son �re se rappellent encore de la grandeur d�un homme hors pair. M�me si certains en lisant mon po�me piqueraient une col�re, cela ne me g�ne gu�re, car de son nationalisme je suis fier.� Le po�te nous a d�ailleurs explicit� sa vision concernant ce po�me. �Je sais que pour certains de mes concitoyens, Boumediene personnifie une certaine dictature, mais je sais �galement que pour moi et pour des milliers de mes semblables, Boumedi�ne reste � jamais ce farouche d�fenseur des pauvres et de la famille r�volutionnaire, sp�cialement les veuves de chouahada et leurs enfants. Cela, je l�ai v�cu personnellement et je peux t�moigner � longueur de journ�e sur les d�cisions courageuses et toutes les facilit�s que le d�funt Boumedi�ne accordait en priorit� pour les veuves et les enfants de chouahada qui ont pay� le lourd tribut ; celui de leur pr�cieuse vie pour que vive l�Alg�rie libre et ind�pendante. Rien que pour cela, je ne cesserai jamais d�aimer le d�funt Boumedi�ne.� Cependant, malgr� cet �loge, le po�te se garde de faire dans le baisemain ou l��loge d�plac�. Il le prouve tout au long de ses po�mes. Il critique l��tat des choses, donne des conseils pour la bonne gouvernance, �voque sa Kabylie natale, avec � Kabylie, rend hommage aux martyrs du Printemps noir dans La violence inutile et d�nonce les injustices et tous les abus, ainsi que le musellement de la presse en rendant hommage aux journalistes dans Les plumes de l�espoir. En somme, Le r�ve est un recueil didactique � lire et m�diter. On y trouve tout au long des quelque 250 po�mes, mais �galement des dizaines de citations, qui y sont rapport�s, de tous les th�mes ; l�auteur et avec un style simple mais raffin�, nous plonge dans notre propre univers, nous emporte dans notre Alg�rie profonde, notre Kabylie, notre enfance ; bref, dans notre quotidien avec ses d�boires mais aussi ses espoirs et ses esp�rances. Il estime � juste titre que ses po�mes sont un cri du c�ur aux gouverneurs et aux gouvern�s, un appel � conscience pour qu�ensemble, nous puissions mener le navire Alg�rie � bon port. Signalons � la fin que le livre sera mis en vente lors du Salon national du livre et du multim�dia amazighes qui se tient du 17 au 20 mai prochain � la maison de la culture Salah-Zamoum de Bouira. Une vente-d�dicace sera organis�e tout au long de ces journ�es.