L'attentat suicide contre une procession de chiites lundi à Karachi a fait au moins 43 morts et 60 blessés, selon un nouveau bilan fourni hier par les autorités, alors que la ville, en proie aux violences après l'explosion, était en deuil. L'attaque a fait 43 morts, dont au moins «trois femmes et trois enfants», a déclaré un médecin de la police, Jagdish Kumar. Saghir Ahmad, ministre de la Santé de la province du Sind, dont Karachi est la capitale, a de son côté fait état de «40 morts et plus de 60 blessés». Le précédent bilan, fourni dans la matinée, était de 33 morts. Un jour de deuil a été décrété hier dans la ville, très calme, où la circulation était très réduite hier matin. Les funérailles des victimes devaient avoir lieu dans la journée. L'attentat avait déclenché lundi une série de violences à travers la ville, où des pèlerins en colère avaient jeté des pierres sur des ambulances, tiré des coups de feu en l'air et incendié des dizaines de véhicules et magasins, conduisant les autorités à lancer un appel au calme. Les pompiers ont lutté jusque tard dans la nuit pour éteindre un grand incendie sur les marchés proches du lieu de l'attentat, sous les yeux des commerçants impuissants. Le lieu de l'attentat était jonché de sandales, de bouteilles d'eau, de restes de nourriture et de divers débris de voitures et de bus. Le kamikaze s'est fait exploser lundi après-midi sur une grande avenue de la ville, au milieu du plus grand rassemblement prévu au Pakistan pour l'Achoura. L'homme, dont le haut du corps a été retrouvé intact sur le lieu de l'explosion, «a utilisé 16 kg d'explosifs très puissants», a précisé l'un des enquêteurs, Munir Shaikh. Le gouvernement a accusé plusieurs groupes islamistes sunnites, dont le Mouvement des taliban du Pakistan (TTP), d'avoir perpétré l'attentat. Le TTP et ses alliés, qui dénoncent notamment l'alignement d'Islamabad sur la «guerre au terrorisme» américaine, sont considérés comme responsables de la vague d'attentats qui a fait plus de 2700 morts dans le pays depuis deux ans et demi. Karachi, mégalopole de 14 millions de personnes et capitale économique du pays, avait jusqu'ici été peu frappée par la vague d'attentats, qui s'est surtout concentrée dans le nord-ouest, où se trouvent les zones tribales frontalières de l'Afghanistan, fief du TTP et d'autres mouvements rebelles.