Salons de thé, marchands de glaces, salles des fêtes, c'est un peu le triangle pour ce début du mois d'août. Après deux mois d'appréhension et les multiples événements que connaît encore la région, les vacances estivales 2002 sont enfin entamées. En retard, il est vrai, mais comme dit l'adage: «mieux vaut tard que jamais.» un jeudi du mois d'août. Une chaleur caniculaire. Le soleil dardant ses rayons sur la ville de Yemma Gouraya semble interpeller les Béjaouis, et les inviter vers les classiques randonnées au bord de la grande bleue. Malgré tout, les ruelles de Béjaïa sont prises d'assaut par une foule cosmopolite. La veille, «le Tariq Ibn Ziyad» avait déversé dans la zone portuaire un flot émigrés décidés à faire quanmême une virée au bled avant la rentrée. Des centaines de véhicules, pare-chocs contre pare-chocs, formaient une interminable file. Bagages et passeports à la main, les passagers, eux, se bousculaient. Dans leur précipitaion vers la sortie, quelque-uns oubliaient parfois même de remplir des formalités. Peu importe, les agents de la PAF, plus vigilants que jamais sont là pour rappeler ces «égarés» à l'ordre. Enfin...C'est la joie des retrouvailles qui couronnera cette journée chaude et mouvementée. Quelques voyageurs, une fois hors de la zone frontalière, versent quelques larmes. La nostalgie est bien plus forte que l'appréhension. «Et oui, nous sommes chez-nous, bien chez-nous», ne cessait de répéter une vieille dame. Son compagnon, probablement son petit-fils, la tirait par le bras: «Allez...Viens...il y a un taxi juste-là». «Non laisse-moi...rétorque la vieille, je veux d'abord jouir de la vue de Yemma Gouraya, il va falloir que je fasse une ouaâda, elle exaucera certainement mes voeux, et puis regarde, tu as vu là-bas le drapeau de ton pays, il est beau n'est-ce pas? Que Dieu protège notre pays et notre peuple, dire qu'on voulait me dissuader de venir cette année encore.» une virée en ville nous renseigne à plus d'un titre sur l'ambiance. Les magasins achalandés et les trabendistes semblent attirer la foule: boutiques de souvenirs, vendeurs de fleurs, magasins de cadeaux, grandes surfaces...Infatigable la foule est là, partout. Jeunes ou vieux, chacun est à la recherche d'un objet à offrir, ou à s'offrir. Les fourgons de transport en commun ne chôment pas. De la porte Sarrazine au Bd Amirouche, le transport en commun devient, à lui seul, «l'indispensable nécessité de la saison» d'autant plus que la ville ne cesse de s'étendre. Salons de thé, marchands de glaces, salles des fêtes, c'est un peu le triangle pour ce début du mois d'août. Cela fait réellement plaisir de voir des familles entières attablées devant des coupes de glaces au niveau de toutes les terrasses particuliérement celle de la place Gueydon, qui nous invite à admirer du haut de sa balustrade, toute l'étendue portuaire de la ville, d'autant plus que le bleu de la mer à perte de vue, s'amuse à narguer un splendide coucher de soleil, avant de rejoindre le ciel rouge dans les ténèbres du crépuscule naissant. Où que vous soyez, les youyous et klaxons de cortèges de mariées, attirent votre attention. Apparemment cette année, la gaieté a repris ses droits, contrairement à l'été 2001, qui avait enregistré un net recul des fêtes ; c'était l'année de deuil par excellence. Bouquets de fleurs, et rubans de soie, des filles d'honneur, maintiennent la longue traîne de la «femme du jour». Derrière son voile la jeune mariée nous fera un timide sourire avant de monter dans une Renault Megane, fleurie. Le jeune marié, lui, un peu maladroit dans un beau costume bleu nuit, donnait une dernière instruction au cameraman, avant de monter à son tour dans le véhicule. Des senteurs de jasmins et de fleurs d'oranger embaument l'atmosphère. Le bonheur d'un moment dans l'existence d'un être et la vie reprend le dessus. Le calme de ce début du mois d'août, est de bon augure pour la région. La reprise des activités culturelles, dénote aussi de la volonté des instances concernées de mettre fin à la léthargie qu'a connue Béjaïa pendant presque deux années. Le TRB semble renaître de ses cendres et une pièce a déjà été proposée au public la semaine dernière. La maison de la Culture s'apprête à abriter prochainement le festival de la chanson amazighe, tandis que le retour de Radio Soummam semble imminent. Béjaïa, en fin de compte, reprend vie et se débarrasse de ses mauvais jours. Pourvu que ça dure!