Pourquoi ce redéploiement en ce moment? Le redéploiement et la multiplication des actes terroristes constatés ces jours-ci, après une période d'accalmie relative dans le périmètre dit Triangle de la mort, c'est-à-dire l'axe Blida-Médéa-Aïn Defla, élargi à d'autres wilayas du centre comme Alger, Tipasa et Chlef, porte les traces de la nouvelle stratégie d'attaque terroriste, version Abou Tourab qui entre dans sont cinquième mois d'intronisation à la tête des Groupes islamiques armés (GIA). Cette version, dont les signes multiples apparaissent à travers les récentes attaques, se démarque par plusieurs caractéristiques de son prédécesseur, Antar Zouabri, liquidé au mois de février dernier dans son fief à Boufarik. Après une période de réadaptation et de préparation, voilà que le nouveau chef terroriste, fidèle à son intention affichée dès le départ de semer le feu et le sang sans distinction pour assouvir sa soif, lance ses troupes dans des attaques programmées d'avance et orchestrées. D'abord pourquoi ce redéploiement en ce moment? Il intervient juste après la tenue des élections législatives et au début de la saison estivale, deux périodes où le relâchement était de fait attendu, que ce soit de la part des autorités ou des citoyens qui commencent à penser aux vacances et aux fêtes diverses. Finies aussi les attaques et les incursions en très grand nombre de terroristes armés sur des agglomérations ou des habitations sans défense. On a encore en mémoire un nombre incalculable d'attaques meurtrières comme celles de Bentalha, Raïs, Sidi Youcef, etc. dont les habitants ne se sont jamais relevés de leur drame. Grâce aux efforts conjugués de la politique antiterroriste qui avait porté ses fruits, l'étau s'était resserré sur les terroristes, avec notamment, la liquidation de leur chef. Dans beaucoup d'endroits qui vivaient pourtant l'angoisse terroriste, ils étaient acculés et oubliés. Mais voilà qu'ils y reviennent pour tenter de refaire surface, en dépit de la diminution de leur nombre qui est pourtant passé de 200 en 2000, à seulement une trentaine dans ce triangle, selon le premier responsable de la 1re Région militaire, le général major, Fodil Chérif. Ce dernier, dont l'engagement de lutte contre le terrorisme est très connu, sait de quoi il parle. C'est donc avec ce nombre limité, que le nouveau chef terroriste veut appliquer sa nouvelle stratégie basée surtout sur la tactique. La nouvelle stratégie d'attaque des terroristes, tenant compte des échecs précédents, semble privilégier des attaques surprises par un commando composé au plus de trois à quatre éléments, qui cible bien son objectif. Selon des témoignages recueillis après les massacres perpétrés par ces nouveaux groupes, les terroristes viennent rôder plusieurs jours à l'avance pour la reconnaissance des lieux et de leurs cibles, dans le but de réaliser leur opération tout en préparant les «issues» de fuite, sans être inquiétés. Les attaques-surprise dans la périphérie face à des citoyens désarmés, semblent leur réussir à merveille. Cela a été le cas de Larbaâ, Médéa, Khraïcia, Zéralda, Bou Ismaïl et, tout récemment, les Eucalyptus, en cherchant l'effet de psychose et de désolation parmi la population. Face à ce redéploiement terroriste version Abou Tourab, il y a nécessité d'un redéploiement sécuritaire qui est l'occupation des responsables à un haut niveau pour en finir avec l'hydre terroriste. Dans sa dernière sortie, le premier responsable de la 1re Région militaire en a fait une esquisse articulée sur trois points: la participation des citoyens de rester toujours vigilants, la réactivation du soutien des autorités locales, dont l'éclairage des zones isolées et faciles d'accès aux terroristes et le redéploiement des différents services de sécurité, en recourant à de nouvelles techniques de lutte contre le terrorisme dans sa nouvelle version pour l'acculer dans ses derniers retranchements. Dans ce cadre, des sources sécuritaires parlent de l'aide des USA en vue du repérage des groupes terroristes et de leurs casemates. Fortes de ce matériel, les forces de l'ANP mènent une guerre sans merci pour en finir avec l'organisation du Gspc de Hassan Hattab, agissant dans la région de Kabylie et qui commence à prendre de l'ampleur au vu du nombre important de l'effectif dont il dispose. On parle de près de 3000 terroristes affiliés au Gspc, contrairement au GIA d'Abou Tourab, qui ne dispose que de dizaines de terroristes, ou encore le Gspc, à l'ouest du pays, qui disposerait de quelques centaines de terroristes. Les forces de l'ANP ont réussi, depuis quelques semaines, à détruire une cinquantaine de casemates dans les régions de la Mitidja et de la Kabylie. L'opération de bouclage était maintenue et les forces de sécurité, qui avaient multiplié les bombardements de jour comme de nuit, évitaient toute avancée dans les coins suspectés abriter des terroristes, car tous les endroits sont infestés de bombes artisanales. A ce sujet, une source sécuritaire nous a révélé que le problème majeur que rencontrent les forces de sécurité dans la lutte antiterroriste réside dans les bombes enfouies un peu partout dans les maquis, car les terroristes avaient commencé à miner le terrain depuis le début du terrorisme dans les années 90. En plus du soutien technologique, la lutte contre les terroristes d'Abou Tourab, doit prendre en charge la particularité du terrorisme de proximité où l'ennemi n'est pas toujours visible. C'est pour cela, que, outre le soutien logistique, la collaboration des citoyens est nécessaire pour le retour à la paix et à la sécurité et pour écarter le danger terroriste définitivement.