Une réussite de ces deux tournois permettrait, au moins en termes d'image, de lézarder l'«afropessimisme» persistant. La Coupe d'Afrique des nations en début d'année en Angola et surtout en juin-juillet la Coupe du monde en Afrique du Sud, la première organisée sur ce continent: avec ces défis, une partie de l'Afrique a l'occasion de redorer son image et d'enclencher une dynamique positive. «Nous, en Afrique du Sud, nous sentons privilégiés et très humbles face à cet honneur singulier qui nous est consenti», a déclaré Nelson Mandela. Une phrase qui résume la lourdeur de la tâche tout autant que les bénéfices qui peuvent en découler. Les retombées économiques sont attendues au moins à moyen terme, selon les analystes financiers. Les stades en représentent le défi le plus visible. L'Afsud a prévu leur reconversion pour éviter les «éléphants blancs» (structures laissées à l'abandon après un événement) mais les travaux ont traîné. Grâce à la manne pétrolière, l'Angola a investi 600 millions de dollars dans la construction de quatre stades par des entreprises chinoises. Les enceintes, achevées à la dernière minute, ont été inaugurées fin décembre. Outre les stades, les deux pays seront passés au crible des critères traditionnels (sécurité, transports, hôtellerie). L'Afsud a investi 16 milliards de dollars sur la période 2005-10 dans les infrastructures de transport. Ce même transport qui fut le point noir lors de la Coupe des Confédérations cet été. Les gigantesques pannes de janvier 2008, plongeant des villes entières dans les ténèbres en raison d'une surconsommation, ont révélé un autre problème possible, même si la compagnie publique Eskom s'est voulue rassurante pour 2010. En Angola, on redoute surtout la «confusao», terme récurrent qui s'applique aussi bien aux embouteillages sans fin qu'aux tracas administratifs ou à la corruption. Mais c'est sur une bonne image liée au bon déroulement des tournois que comptent ces pays pour développer leur tourisme. L'Afsud est déjà la première destination continentale, mais elle pâtit encore de son insécurité (les fameux «50 meurtres par jour») et des inégalités héritées de l'apartheid. L'Angola est au contraire un des pays les moins visités et compte s'offrir une nouvelle image, positive et débarrassée des oripeaux de l'Angolagate (procès en France sur un trafic d'armes) et de sa longue guerre civile (1975-2002). Une réussite de ces deux tournois permettrait, au moins en terme d'image, de lézarder l'afropessimisme persistant. Ce rayonnement aura-t-il valeur d'exemple pour le reste du continent? C'est ce que souhaite la Fédération internationale (Fifa). Le Mondial-2010 fut attribué à l'Afsud en vertu d'une rotation continentale, depuis abandonnée, mais aussi de considérations politiques, les autres continents ayant déjà organisé le tournoi (hormis l'Océanie). C'est aussi une vitrine pour la Fifa, engagée dans des financements d'infrastuctures footballistiques (programme «Goal») ou des projets sociaux («Gagner en Afrique avec l'Afrique»), afin d'«utiliser le potentiel du football pour le développement social et humain, pour la promotion de la santé» etc. Sur le plan sportif, les plus grands espoirs se portent sur le Cameroun et la Côte d'Ivoire, même si cette dernière est tombée dans le ´´groupe de la mort´´ avec le Brésil et le Portugal. La montée en puissance dans les tournois de jeunes ces dernières années (Ghana vainqueur du Mondial des -20 ans en 2009) conduira-t-elle une nation africaine à dépasser les quarts de finale, atteints par le légendaire Cameroun de Roger Milla en 1990? De nombreux joueurs d'origine africaine y croient et parlent d'un tournoi ´´particulier´´ pour eux. Mais le même Milla et l'ex-gardien Joseph-Antoine Bell se disent sceptiques et reprochent aux dirigeants une absence de planification pour parvenir à l'excellence. «Nous avons les joueurs, pas la tête», stigmatise ainsi Bell. L'Afrique a l'occasion de la relever.