Ça y est, plus que deux rencontres et le rideau tombera sur cette 19e Coupe du monde qu'a accueillie pour la première fois une terre africaine et qui, à l'heure des bilans, sort vraiment grandie, fière de sa réussite et de son organisation digne des grandes nations développées. Du Cap, au bord de l'Atlantique, à Johannesburg, nichée à 2 000 mètres d'altitude, en passant par Durban, baignée par l'océan Indien, la capitale Pretoria, Bloemfontein, Nelspruit, Port Elizabeth, Rustenberg et Polokwane, l'Afrique du Sud a bien réussi son examen et gagné son pari d'accueillir le plus grand événement sportif de la planète. Le gouvernement, qui a dépensé plus de 1 milliard de dollars rien que pour les infrastructures, dont les dix stades, a mis 150 millions dollars rien que pour assurer la sécurité, et là aussi les plus sceptiques de ceux qui voyaient d'un mauvais œil l'organisation confiée à l'Afrique se sont vite rhabillés. D'ailleurs, le porte-parole de la FIFA, Nicolas Mangot, a indiqué, il y a quelques jours seulement, que la barre des 3 millions de spectateurs devait être dépassée lors de la demi-finale Allemagne – Espagne, ce qui est en soi une grande performance car c'est la troisième fois seulement dans l'histoire d'un Mondial que ce chiffre est atteint, après les éditions de 1994 et 2006. Sur le plan économique, le Président sud-africain, Jacob Zuma, a affiché son satisfecit sur les retours d'investissement générés par cette coupe du Monde, que ce soit en matière de création d'emplois, d'acquisition d'infrastructures ou d'image de marque à même de booster le secteur du tourisme d'un pays aux mille et une belles facettes. Et même si le spectacle sur le terrain n'a pas été quelquefois au rendez-vous, dans les tribunes ce fut la fête entre les supporters des différents pays participants, mais aussi avec les populations sud-africaines qui ont su être à la hauteur de l'événement. Hormis quelques cas «ordinaires» de vols, comme il en existe dans d'autres contrées dans le monde, le Mondial sud-africain a été indemne de tout dépassement ou incident violent majeur, surtout après ce qui s'est passé dans l'enclave de Cabinda à la veille de la dernière CAN en Angola. L'autre test grandeur nature est celui de l'impact social qu'a eu cette coupe du Monde sur les populations sud-africaines qui ont affiché un patriotisme exemplaire et une unité nationale remarquable autour de la cause sportive d'une nation arc-en-ciel fière de la chute du régime de l'apartheid, il y a déjà seize ans. L'Afrique du Sud, où l'on parle 11 langues officielles, en a convaincu plus d'un et reste une vitrine pour tout le continent. L'Algérie devrait s'en inspirer sur pas mal de plans, mais également de l'Espagne, ce pays méditerranéen tout proche, sur le plan du développement sportif compte tenu de la réussite de cette nation dans plusieurs disciplines. Reste maintenant le revers de la médaille, car selon les spécialistes et autres analystes, les retombées de la Coupe du monde sur l'Afrique en termes d'impact de développement du football est presque dérisoire en raison de la faiblesse structurelle des droits télé. La vraie disparité entre l'Europe et l'Afrique est liée à ces droits télé, considérés comme le pilier de l'économie foot, soulignent les spécialistes du cabinet Ineum qui vient de publier avec Euromed une étude sur le sujet intitulée «Football professionnel. Finances et perspectives». A titre d'exemple : si la Premier League Anglaise génère 2 milliards d'euros annuels et que la Ligue 1 française 668 millions d'euros, le championnat du Sénégal ne génère aucun droit ! Des miettes pour les championnats maghrébins, dont celui de l'Algérie qui compte démarrer le professionnalisme «soutenu par l'Etat» à partir du mois de septembre. C'est dire le chemin à parcourir pour rattraper le retard qui sépare le continent africain qui, malgré les six nations qui l'ont représenté, seul le Ghana a pu aller aux quarts de finale. Un exploit certes, mais c'est peu pour un continent qui regorge de potentialités, à tous les niveaux. L'Afrique du Sud a montré la voie de la réussite, dans certains domaines, au reste du continent de suivre le bon exemple.