Les candidats indépendants accusent ce parti d'être derrière les entraves aux élections. «Des jeunes, tous membres des ârchs, gracieusement rémunérés, veulent faire de nos rencontres le point de départ d'émeutes.» Sans le citer nommément, les candidats indépendants en Kabylie accusent le RCD d'entrave aux élections. Vraisemblablement, les hostilités en Kabylie commencent à prendre de l'ampleur. Les premières étincelles du choc entre les candidats à la députation et le front antivote en Kabylie commencent à faire des remous transformant la région en un véritable centre d'enjeux électoraux et politiques. Tout autant que le pouvoir, les candidats aux législatives passent une rude épreuve en Kabylie. Affectée dès le départ par quatre jours de retard, la campagne électorale dans la région éprouve des difficultés à se dérouler dans des conditions normales. Les incidents se succèdent et risquent de glisser vers la confrontation. Les mises en garde du ministère de l'Intérieur et des walis de Tizi Ouzou et de Béjaïa n'ont apparemment pas dissuadé certains de vouloir empêcher par la force la tenue de la campagne électorale. Au premier jour de la deuxième semaine de campagne, les candidats indépendants de laliste Assirem (Espoir en amazigh) avaient été assiégés par un groupe de jeunes pendant près d'une heure et demie. La veille, de faux barrages ont été dressés par des jeunes pour empêcher les candidats d'accéder aux lieux de leurs meetings. Et s'il y a, par chance, un meeting qui s'organise, il est vite gâché par les agitateurs. Les candidats activent presque en clandestinité. Les premiers à réagir par communiqué sont les indépendants. Selon eux, vers 13h 30, un groupe de jeunes «taliban» a investi l'entrée de son bureau situé au siège de la Fédération des fils de chouhada au centre-ville, où les candidats devaient animer un meeting à 14h. Le même communiqué indique que ces jeunes ont pu accéder à l'intérieur du siège pour «intimider et menacer» les militants, signalant que même des documents (historiques de la Fnfc) ont été «dérobés et brûlés par la suite». Sur un ton accusateur, les candidats indépendants sont allés jusqu'à «identifier» ces jeunes ainsi que leur appartenance politique et ce, sans citer nommément le RCD. Cet incident n'a pas été sans conséquence négative sur les candidats puisque une fois libérés, vers 15h, les citoyens qui les attendaient au stade Oukil-Ramdane où ils devaient animer un meeting, avaient déjà quitté les lieux, par peur de représailles. Un incident similaire a eu lieu la veille où une conférence avait été empêchée à Tizi Gheniff, par un autre groupe qui s'est mêlé aux citoyens, affirment les candidats qui indiquent que ces jeunes, tous membres des «ârchs, gracieusement rémunérés, veulent faire de nos rencontres le point de départ d'émeutes». Pour le moment, hormis les candidats indépendants, aucun parti en lice pour les prochaines législatives ne s'est manifesté contre ces agissements. La campagne électorale a été complètement noyée tantôt par les querelles entre candidats et militants, tantôt par les communiqués entre le wali et les maires qui refusent de prendre en charge l'organisation administrative du scrutin du 30 mai.