Le diplomate assure que le projet de l'autoroute Est-Ouest répond aux normes internationales, de l'avis même des laboratoires de contrôle européen et canadien. Qui veut casser les entreprises chinoises en Algérie? La problématique est posée au plus haut niveau à Pékin. Le scandale qui secoue de plein fouet le projet de l'autoroute Est-Ouest, réalisé en grande partie par le consortium Citic-Crcc est perçu par les autorités chinoises comme une tentative de briser l'élan du partenariat économique algéro-chinois en plein essor. Jeudi, Son Excellence l'ambassadeur de Chine à Alger, M.Liu Yuhe, s'est montré très gêné par la polémique née autour de ce que l'Algérie considère comme «le projet du siècle». «La presse rapporte des accusations dénuées de tout fondement», s'est-il adressé à la presse lors d'une rencontre organisée à l'ambassade. Selon le diplomate, et jusqu'à preuve du contraire, aucune entreprise chinoise n'est impliquée dans une affaire de corruption. «La Chine est un pays signataire de la convention de l'ONU pour la lutte contre la corruption», précise-t-il. Il ajoutera que «le gouvernement chinois exige aux investisseurs chinois de respecter cet engagement à l'intérieur comme à l'extérieur du pays». L'ambassadeur s'attarde sur le dossier de l'heure (l'autoroute Est-Ouest.) «Citic-Crcc est coté en Bourse, vous imaginez très bien qu'un pareil scandale conduirait à la faillite du groupe non pas en Algérie mais dans tous les pays où il est présent.» En fait, ce qui semble le plus déranger les autorités chinoises, ce n'est pas le scandale en lui-même, mais ses motivations. Selon Pékin, l'affaire de corruption est «l'arbre qui cache la forêt». Et dans cette forêt, il y a une course parfois «malsaine» des partenaires traditionnels de l'Algérie, «qui se sentent menacés par la présence chinoise en Algérie». En filigrane, M.Yuhe accuse certains cercles de vouloir «créer de faux problèmes». A ces derniers, il lance plusieurs messages. En premier lieu, il affirme que la coopération algéro-chinoise «ne vise personne». «La Chine ne veut pas arracher la part des autres en Algérie. Elle n'a nullement l'intention d'y créer une zone d'influence.» Et au diplomate de rappeler à ceux qui gardent en tête «la période révolue de la guerre froide», que la Chine a décroché le projet de l'autoroute Est-Ouest en présentant la meilleure offre sur le marché. M.Yuhe répond point par point aux critiques rapportées par la presse sur le projet de l'autoroute. Premièrement, il assure que le projet répond «aux normes internationales. De l'avis même des laboratoires de contrôle européen et canadien». Les ingénieurs chinois ont même procédé à des modifications sur le plan initial, réalisé par les Européens «dans le souci d'améliorer sa qualité et son efficacité». Deuxièmement, M.Yuhe a nié les informations faisant état du retard dans la réalisation de certains tronçons de l'autoroute. «Faux», lance-t-il. «Nous avons sept mois d'avance.» L'ambassadeur révèle que sur demande des autorités algériennes, «Citic-Crcc a débloqué des milliards de ses propres fonds pour accélérer les travaux». «Nous avons procédé, ajoute-t-il, à des travaux avant même la signature des contrats. C'est dire qu'entre nous et les autorités algériennes, il règne une relation de confiance.» Le plan quinquennal convoité par la Chine Dans un autre chapitre, l'ambassadeur de Chine a affirmé que son pays est très intéressé par le nouveau plan quinquennal (2010-2014) de 150 milliards de dollars. L'agriculture, le transport, l'énergie, les travaux publics, le bâtiment sont autant de secteurs convoités. Rappelons que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a connu une croissance de 8,8% pour frôler le seuil des 5 milliards de dollars. Les investissements chinois (en dehors de l'autoroute Est-Ouest) ont atteint les 900 millions de dollars. Ils sont appelés à s'améliorer, précise l'ambassadeur, si certains obstacles sont bannis parmi lesquels il citera «la lenteur enregistrée dans l'attribution des visas et le manque d'interprètes». Il faut savoir que l'ambassade d'Algérie à Pékin a délivré 16.000 visas en 2009. Et plus de 30.000 Chinois travaillent en Algérie. Un chiffre qui évolue chaque jour, sachant que plusieurs techniciens séjournent pour des missions de courte durée. Notons enfin que le ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, M.Yang Jiechi, effectuera une visite de travail de deux jours en Algérie à partir de demain à l'invitation de son homologue, M.Mourad Medelci. Cette visite sera couronnée par la signature d'un protocole de coopération économique ainsi qu'un accord portant sur l'entraide judiciaire en matière civile et commerciale, précise le communiqué du ministère des Affaires étrangères. La visite du ministre chinois s'inscrit dans le cadre du «renforcement des relations d'amitié et de coopération» liant les deux pays et permettra à M.Medelci d'aborder avec son homologue chinois la coopération bilatérale, notamment, le dossier nucléaire. «Nous sommes prêts à aider l'Algérie dans le domaine du nucléaire pacifique», a souligné l'ambassadeur de Chine. Les deux ministres passeront en revue également les questions régionales et internationales d'intérêt commun. «Les excellentes relations qu'entretiennent l'Algérie et la Chine confèrent à cette visite une portée et un caractère particuliers qui ne manqueront pas d'être mis à profit par les deux pays en vue du raffermissement et de la diversification de leur coopération bilatérale ainsi qu'une coordination plus étroite de leurs initiatives au plan multilatéral», souligne le ministère des Affaires étrangères.