Des étudiants grévistes de l'Institut supérieur des métiers des arts, du spectacle et de l'audiovisuel de Bordj El Kiffan, se heurtent à l'indifférence des autorités et crient leur indignation... Faux problème ou vrai débat. Déjà que l'école souffre d'un manque flagrant d'enseignants voilà que l'Ismas connaît un nouveau rebondissement rocambolesque, effarant et aberrant même. Selon des témoignages avérés, recueillis auprès de nombreux étudiants, le seuil de l'intolérable a été atteint samedi 4 janvier quand le Ballet national est venu, nous dit -on prendre toutes leurs salles, réquisitionnant même les salles de cours. Les étudiants de l'Ismas ripostent, contestent et dénoncent l'occupation de leur institut par le Ballet national. «Au départ, ce sont les six salles de répétition qui ont été mises à la disposition des danseurs du Ballet national pour répéter, puis les salles d'actorat pour finir avec le gymnase et une autre petite salle. On nous a chassés de nos cours magistraux en nous renvoyant de nos salles», affirment, indignés, ces étudiants interrogés. Pour manifester leur ras-le-bol, ces derniers ont fait un sit-in à l'intérieur de ces salles, «sans grabuge ni violence», nous font-ils remarquer. «En guise de réponse, nous avons eu droit à des actes d'intimidation et de provocation, des menaces, d'insultes de la part des policiers et même du directeur de l'Institut», témoignent, atterrés, ces étudiants qui ne demandent qu'à rencontrer la ministre de la Culture pour lui exposer clairement, leurs doléances. Cinq rapports, nous dit-on, lui ont été adressés. En vain. «On veut récupérer nos salles. C'est inadmissible qu'un établissement d'enseignement public intègre dans ses locaux une institution à caractère commercial. Avant, le Ballet national répétait au TNA...Et nous, qu'allons-nous advenir maintenant?», s'interrogent-ils. Et de renchérir: «C'est une mafia organisée. On a tout fermé à l'intérieur de l'institut. Quiconque sort sera automatiquement empêché de rentrer dans l'établissement. La police veille pour nous, débusquer. On a dormi hier soir en plein air, dans la cour, dans le froid et l'humidité. Certains sont tombés malades. On a demandé l'Intervention des pompiers. Ils ne sont pas venus, arguant qu'il existe un médecin dans l'établissement. On refuse de monter un par un chez le médecin au cas où ils nous feraient quelque chose. Deux ont eu des crises. On refuse de nous remettre des certificats de maladie.» Pour information, nous dit-on, une rencontre entre des représentants du ministère de la Culture et 5 membres étudiants délégués n'a pas eu de suite. Sans résultat. Pis, cela s'est soldé par le renvoi de deux étudiants de l'Institut, durant un an et un autre définitivement. Aussi, les étudiants se demandent dans quelles conditions ont été prises ces décisions sans consultation du bureau estudiantin: «La loi dit qu'il faut prévenir les-dits étudiants 48h avant et ce, en présence des concernés, or cela s'est passé en catimini.» Dans quel drôle d'imbroglio se sont mis ces étudiants? Concrètement, beaucoup d'entre eux se sont retrouvés à dormir à la belle étoile avant-hier soir et ont continué probablement à le faire hier et peut-être encore ce soir. Et ce, sous le silence des autorités concernées. Contacté par nos soins, M.Lahouel, directeur de la formation artistique au sein du ministère de la Culture récuse toute accusation émanant de ces étudiants arguant que toute information donnée par eux est fausse. «Les étudiants ont refusé tout dialogue. On s'est déplacé et on a fait des pieds et des mains pour discuter avec eux, sans résultat. Les cinq membres du bureau n'ont pas voulu nous entendre. Ils sont en position illégale car ils ont commis des infractions. Ils ont fermé les espaces de l'Institut. Un étudiant ne fait pas ça. Il y a des règlements intérieurs à respecter. Le conseil de discipline a statué en présence des enseignants et d'autres élèves qui ont approuvé la décision du conseil. Ce dernier est souverain. On n' a pas le droit de s'ingérer dans ses affaires. Quand on notifie une sanction, elle est exécutoire, autrement dit, à appliquer. En même temps il y a un recours», dit-il. Dialogue de sourds? Alors que ces étudiants veulent arriver à une entente en faisant valoir leurs droits auprès de la ministre de la Culture, d'autres continuent à les fustiger en les considérant comme des renégats. Mais sur un plan éthique ou moral, avons-nous le droit de fermer des sanitaires, un réfectoire et autres à un étudiant dans le besoin et le laisser mourir la nuit dans le froid et en plein hiver? C'est vraiment lamentable et triste comme situation. Où va l'école algérienne? Encore un signe de catastrophe qu'on fait mine de ne pas voir, lequel est hélas, le reflet de toute la rupture du système car l'Ismas n'est pas à sa première grève et cela dénote d'une fracture encore plus profonde...Jusqu'à quand? Le lien de la communication est- il rompu? Que faire?