L'ex-entraîneur national analyse le match Algérie-Malawi et présente la prochaine rencontre des Verts face au Mali. L'Expression: Avec un peu de recul, comment voyez-vous la défaite des Verts face aux Malawites? A. Mehdaoui: Ce match a été surprenant par l'ampleur du score et par son déroulement. On n'a pas du tout pensé que le Malawi nous poserait autant de problèmes. On a vu un Malawi qui nous a également surpris, par son plan de jeu qui lui a permis de mener la rencontre à sa guise. On a été également déçu par le plan de jeu, individuel et collectif, des Verts qui ont été en deçà de ce qu'on attendait. Ceci dit et compte tenu des moyens mis à la disposition de l'équipe et des différentes déclarations des joueurs, staff technique et responsables qui versaient toutes dans l'optimisme, rien ne présageait qu'on allait se comporter, de cette façon, contre le Malawi. On pensait au début que les deux équipes, qui pourraient nous poser des problèmes, sont le Mali et l'Angola, mais voilà que le Malawi se pointe pour montrer ses ambitions. Que s'est-il passé, selon vous, pour être tant surpris par ces Malawites très volontaires? La différence s'est faite sur le plan mental et tactique. On n'a pas empêché ces Malawites de conserver le ballon et de le bloquer dans la zone qu'il faut. On leur a plutôt laissé l'initiative et ils sont alors parvenus à concrétiser. Sur le plan mental, les Verts ont manqué de conviction. Par contre, les Malawites ont été plus agressifs et plus déterminés en étant présents sur tous les duels. Et sur le plan technique, qu'est-ce qui n'a pas marché? Je n'ai vraiment pas vu de plan de jeu chez les Verts. On a l'impression que le jeu des Verts est basé sur les individualités. On n'a pas vu ce travail collectif sur le terrain. En possession de balle, le joueur passait directement à l'attaque au lieu de penser construire le jeu d'abord. On a constaté que l'initiative était sur la charge de Ziani qui tentait de combiner et d'effectuer les dernières passes. Les montées de Belhadj et Matmour étaient inexistantes, sauf dans le dernier quart d'heure où on a retrouvé la façon de jouer des nôtres où Belhadj déroulait à gauche alors que Bezzaz en faisant de même à droite. De plus, on pensait que les Verts allaient procéder par le système du 4-4-2, mais on a vu qu'il y a eu un retour au système du 3-5-2 ou 5-3-2. Si on évoque le plan de jeu et le système de jeu, qu'en dites-vous? Il faut savoir que le plan de jeu est une chose et le système en est une autre. Le système de jeu, c'est le placement des joueurs dans les zones qu'il faut et c'est une organisation collective. Le plan de jeu c'est comment procéder en attaque, comment le faire au milieu et de même en défense. C'est l'intégration du milieu en attaque ou pas; c'est de savoir s'il faut faire participer les latéraux en attaque ou pas? Si on doit garder le jeu long à gauche et procéder par l'offensive à droite? Faut-il procéder en couverture d'une zone déterminée ou non? etc. Et justement, ce plan de jeu était absent chez les nôtres dans ce match contre le Malawi. Et c'est une des explications de cette défaite et surtout cette ampleur du score. Cela fait bien longtemps que notre équipe n'a pas connu une telle défaite, par trois buts à zéro, c'est vraiment alarmant. Que pensez-vous de la prestation des joueurs sur le terrain? On avait l'impression que nos joueurs se cherchaient sur le terrain. On ne sentait pas cette disponibilité pour le porteur du ballon. On a vu des joueurs énervés après le premier but. Nos joueurs manquaient visiblement de détermination. Et puis, on voit bien la mauvaise préparation physique des joueurs. Par contre, le Malawi en voulait beaucoup avec, en plus, de l'agressivité dans le jeu, la présence dans les duels, la conservation du ballon et surtout la construction dans le jeu. Lorsque nos joueurs sont en possession de la balle, les Malawites font le pressing et bloquent les initiatives de nos joueurs. Il y a eu aussi des carences dans la défense des Verts. On a surtout remarqué une mauvaise synchronisation entre les joueurs. Sans citer de nom, on remarque l'absence de coordination qui a toujours fait la force de cette défense algérienne. Il y avait un mauvais dispositif de défense. Et Comment voyez-vous ce prochain match contre le Mali, jeudi prochain? Avec cette lourde défaite, ça se complique sérieusement pour les Verts. Il fallait gagner ce match contre le Malawi. Ce qu'on n'avait pas pu réaliser. On va croire à un accident de parcours. Et pour le montrer, il faut faire valoir notre propre football et défendre notre statut de mondialiste. On doit donc doubler d'effort car c'est une double mission qu'on aura jeudi prochain face au Mali. Ce sera un match dur, certes, mais jouable. Tout est possible en football. Mais le Mali possède déjà un avantage sur les Verts. Il possède un grand avantage psychologique. De plus, il a une journée de récupération de plus que les Verts. L'équipe a retrouvé sa confiance surtout après avoir pu revenir au score et en remontant 4 buts. Ce qui est une véritable performance. Ils partent donc avec un mental de fer. Il ne faut pas oublier, aussi, que leur défense a encaissé 4 buts également, c'est un avantage à exploiter. Dans ce cas de figure, on se trouve dans la même situation. On a encaissé trois buts, c'est énorme aussi. On doit retrouver nos vertus et les facteurs qui ont précédé ce match contre le Malawi pour revenir en course dans cette CAN. Comment doit-on aborder ce match face au Mali? On doit retrouver cet état d'esprit qui a fait notre force lors des éliminatoires. Il faut conserver ce qui a bien marché et éliminer les déchets, comme ceux, contre le Malawi. Il va falloir être surtout prêts, aussi bien sur le plan mental que physique, pour bien négocier ce match décisif contre les Maliens qui sont vraiment très difficiles à défaire. Etes-vous optimistes quant à la suite du parcours des Verts? Franchement, mon optimisme a un peu baissé. Je pensais qu'on allait prendre très au sérieux et avec rigueur cette équipe du Malawi, mais ça n'a vraiment pas été le cas. Il y a eu un manque flagrant de concentration qui a permis aux Malawites de marquer trois buts sans en encaisser. C'est une défaite difficile à accepter. Maintenant, si on veut bien croire à un accident de parcours, eh bien, il va falloir battre le Mali avant d'accrocher l'Angola, pays organisateur. Il n'y a pas d'autre alternative.