Ce nouveau revers pour le président afghan intervient à l'approche de la Conférence de Londres où les acteurs du conflit afghan doivent discuter de l'avenir de l'Afghanistan. L'Assemblée nationale afghane a rejeté hier la majorité des ministres proposées par le président Hamid Karzaï, deux semaines après lui avoir déjà infligé un camouflet en écartant les deux-tiers de ses propositions, prolongeant la crise politique qui dure depuis près de cinq mois. Ce nouveau revers pour le président afghan intervient à l'approche de la Conférence de Londres où les acteurs du conflit afghan (à l'exception des taliban) doivent discuter de l'avenir de l'Afghanistan, notamment des problèmes de sécurité. La présidence afghane a indiqué, juste après l'annonce des résultats du vote, que M.Karzaï «respectait» la décision des députés, mais qu'il regrettait que des «ministres choisis (par lui) pour leur professionnalisme et leur mérite» aient été écartés. Hier, la wolesi jirga (chambre basse du Parlement) a approuvé sept des ministres proposés par M.Karzaï et en a rejeté onze, a déclaré Mohammed Younus Qanooni, le président de l'Assemblée nationale au terme d'un vote de plusieurs heures. Les sept personnalités retenues s'ajoutent aux sept autres ministres dont les candidatures avaient été retenues le 2 janvier. Au total, le gouvernement dispose donc de quatorze ministres. Dix portefeuilles ministériels doivent encore être attribués. Et le chef de l'Etat afghan va devoir revoir pour la 3e fois la composition de son gouvernement. Zalmay Rasul, le conseiller à la sécurité nationale du président, a toutefois été nommé à la tête de la diplomatie afghane. La nouvelle liste incluait trois femmes contre une seule dans le gouvernement sortant. Seule Amina Afzali a été retenue, aux Affaires sociales. Le nouveau ministre de la Lutte antidrogue, Zarar Ahmed Muqbel, est bien connu des diplomates occidentaux en poste à Kaboul parce qu'il avait laissé un mauvais souvenir de son passage à l'Intérieur jusqu'à la fin 2008. Il avait été remplacé, sous la pression des Occidentaux. Abdul Hadi Arghandiwal a également été confirmé à la tête du ministère de l'Economie. Il dirige le Parti islamique, un parti légalement enregistré composé d'anciens compagnons de résistance antisoviétique du chef de guerre historique du Hezb-e-islami, Gulbuddin Hekmatyar, recherché par les Américains mais toujours en fuite, et allié occasionnel des taliban. Le 2 janvier, l'Assemblée nationale avait approuvé sept ministres seulement, mais il s'agissait de ministères clés comme celui de l'Intérieur, Mohammed Hanif Atmar, et de la Défense, Abdul Rahim Wardak, reconduits dans leurs fonctions. Dans la foulée, M.Karzaï avait dû ordonner par décret aux parlementaires de retarder leurs vacances d'hiver pour pouvoir terminer d'approuver son gouvernement. Après le scrutin présidentiel du 20 août marqué par des fraudes massives en sa faveur et sa réélection le 2 novembre, M.Karzaï avait mis plus d'un mois et demi à présenter son gouvernement au Parlement. La seconde liste, remaniée, de son gouvernement avait mis en lumière un retour au clientélisme avec des ministres à l'expérience réduite mais récompensés pour le soutien qu'ils lui ont apporté lors de la présidentielle d'août dernier, estimaient les analystes. Au pouvoir depuis la fin 2001, M.Karzaï n'a jamais constitué de parti autour de lui, et l'opposition ne s'est elle non plus, jamais organisée. Le parlement est pour l'instant un ensemble hétéroclite sans groupes parlementaires précis et où les consignes de vote sont difficiles à faire passer.