Cinq jours après, les secours parviennent dans l'île Caraïbe mais ont du mal à être distribués. Plongés dans le chaos, des centaines de milliers d'Haïtiens désespérés, en colère et affamés attendaient toujours hier l'aide internationale qui peine à leur parvenir alors que l'étendue des dégâts du séisme hors de la capitale commence seulement à être connue. Cinq jours après un séisme dévastateur de magnitude 7 qui aurait fait entre 40.000 et 50.000 morts selon l'OMS - le pire désastre naturel auquel l'ONU ait été confrontée de son histoire -, l'aide et les secours parviennent dans l'île caraïbe mais ont du mal à être distribués en raison d'une logistique chaotique. Les hélicoptères américains ont accéléré la cadence de distribution de l'aide à Port-au-Prince, mais cela ne suffit pas à calmer la population qui continue à dévaliser les magasins, alors que les secours commencent seulement à arriver dans les autres villes dévastées. A la sortie de Port-au-Prince, une barricade formée de pneus en feu, de débris et d'au moins quatre cadavres bloquait la route de la ville de Carrefour, où des habitants en colère manifestaient pour exiger le retrait de piles de cadavres en décomposition. Les secours commencent à mettre le cap vers le sud-ouest de la capitale, vers l'épicentre du séisme. Un premier convoi d'aide est arrivé samedi à Léogâne, ville de 134.000 personnes, à 17km de Port-au-Prince. Des villas coloniales à l'église, en passant par les petites cabanes de plage, plus rien ou presque n'est debout. 90% des bâtiments y ont été détruits, selon l'ONU. «C'est une petite distribution qui n'est pas du tout digne et qui ne correspond pas à la catastrophe que nous avons vécue», enrage Maxime Dumont, 49 ans. Carrefour, une ville de 334.000 habitants, est à moitié détruite, tout comme Jacmel, a ajouté l'ONU. Les difficultés de coordination de l'aide humanitaire en provenance du monde entier ont suscité des critiques sur l'organisation des secours et du ravitaillement des sinistrés. D'importants problèmes de sécurité se posent également en raison des pillages auxquels se livrent malfaiteurs et sinistrés. «Les distributions s'améliorent mais elles restent très compliquées et très lentes», a reconnu Elisabeth Byrs, porte-parole d'Ocha (Bureau de coordination des affaires humanitaires). Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dont l'organisation a payé un lourd tribut, était attendu dimanche à Port-au-Prince. Le Conseil de sécurité devait lui se réunir lundi pour étudier la situation. Pour répondre à ceux qui affirment que l'Etat haïtien est absent, le chef de l'Etat a pris la parole: Le gouvernement a perdu ses capacités de fonctionnement mais il ne s'est pas effondrée, a assuré le président haïtien René Préval. Le séisme en Haïti donne lieu à «l'une des plus grandes opérations de secours» de l'histoire des Etats-Unis, a déclaré samedi le président Barack Obama, aux côtés de ses prédécesseurs George W.Bush et Bill Clinton, qu'il a chargés de rassembler des fonds pour les victimes. «Nous sommes unis avec le peuple d'Haïti qui a montré une telle capacité à reprendre le dessus, et nous allons l'aider à repartir de l'avant et à reconstruire», a lancé le président. Mais les Américains cristallisaient ce week-end les critiques sur le manque de coordination à l'aéroport de Port-au-Prince, point d'accès essentiel de l'aide internationale désormais sous leur contrôle, au point qu'un secrétaire d'Etat français Alain Joyandet a protesté. Paris a ensuite démenti officiellement toute protestation. «Il y a de gros problèmes de coordination à l'aéroport», a assuré un responsable du gouvernement haïtien, Michel Chancy, qui dirige un comité chargé de coordonner la distribution de l'eau et de la nourriture: «Les Haïtiens ne sont pas avertis de l'arrivée» des avions, ce qui fait que «quand ils doivent atterrir, il n'y a pas de prise en charge». Plusieurs avions transportant de l'aide n'ont pu atterrir. Au milieu du chaos, les recherches se poursuivaient. «Les 72 premières heures sont décisives. Après ça, les chances de retrouver des survivants sont très minces», a noté un secouriste espagnol.