Ce chiffre «n'est que la partie visible de l'iceberg». La délinquance juvénile prend des proportions alarmantes. 11.000 mineurs sont présentés chaque année devant le juge. C'est ce qu'a affirmé hier le responsable de l'association Nada, pour la défense des droits de l'enfant. Un chiffre confirmé par la commissaire de police Messaouden Kheira, en sa qualité de représentante de la Dgsn au Congrès national de la justice des mineurs en Algérie, tenu hier à la Résidence des magistrats. Ce chiffre, selon la même intervenante «n'est que la partie visible de l'iceberg». Ainsi, les statistiques établies par la police sont loin de refléter la réalité de ce phénomène qui se développe à une vitesse vertigineuse. Parmi les mineurs mis en cause, 27 cas ont trait au meurtre ou homicide, est-il relevé lors des travaux de cette rencontre organisée par le ministère de la Justice en collaboration avec l'Organisation non gouvernementale de réforme pénale, (PRI). Sur les 447 délits d'atteinte à des personnes, enregistrés par la gendarmerie à Alger durant le premier semestre 2009, 5% sont le fait de mineurs. La délinquance juvénile a succédé au terrorisme, notamment au niveau des zones dites grises, ayant connu le terrorisme, d'après l'expérience de la gendarmerie. Les délinquants ayant commis des délits à l'âge précoce ont toutes les chances de devenir des récidivistes, a conclu la même expérience présentée hier. Les agressions sexuelles, la harga ou l'émigration clandestine, les vols qualifiés avec utilisation d'arme blanche, les coups et blessures graves et la violence dans les stades demeurent des délits perpétrés souvent par des mineurs ces derniers temps, indique-t-on également. Les 44 centres spécialisés de prévention (CSP) et centres spécialisés de rééducation (CSR) s'avèrent en deçà des besoins de la justice en la matière. Outre les 44 CSP, CSR et CPSJ (centres spécialisés de prévention pour les jeunes) relevant du département de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté algérienne à l'étranger, il existe 48 autres centres d'orientation et éducation en milieu ouvert, (Coemo). L'orientation vers ces centres passe d'abord par l'ordonnance de juge des mineurs. Toutefois, s'il existe différents programmes de prévention et de lutte contre la délinquance juvénile initiés par différents acteurs, par contre la coordination fait défaut entre ces circuits. Ce déficit en coordination fait que les statistiques concernant ce phénomène sont totalement ignorées, expliquent les différents intervenants. Il est pratiquement impossible, poursuivent-ils, d'évaluer l'impact de ces dispositifs mis en place depuis des années. Le débat autour de cette question n'est qu'à ces débuts, selon la représentante de l'Unicef, Merabten Dhouria. Seul un débat de fond sur le phénomène est en mesure de déterminer la stratégie adéquate à adopter face à ce phénomène très sensible, indiquera notre interlocutrice. Le choix entre la prévention et la répression dépendra d'une volonté politique, explique-t-elle, d'autant plus que l'Algérie est à la croisée des chemins dans ce domaine. Dans tous les cas, la répression nécessite beaucoup plus de moyens et d'efforts que la prévention.