L'absence du RCD aux prochaines joutes électorales est accueillie dans une indifférence totale. La décision prise par le Rassemblement pour la culture et la démocratie à l'issue de son conseil national, élargi aux élus et au mouvement associatif, en faveur du boycott du prochain scrutin des locales, n'a pas créé l'événement à Béjaïa. S'inscrivant en droite ligne dans la logique de son soutien au mouvement citoyen, les citoyens donnaient l'impression de n'être guère surpris par l'option du RCD qui était hier commentée au même titre que les autres faits de l'actualité. Pour Karim, enseignant «c'est une décision logique si on analyse bien la situation», et d'expliquer: «Cela profitera énormément au mouvement citoyen dans lequel le RCD s'est impliqué.» Son ami abondera dans le même sens en déclarant: «On assiste pratiquement aux mêmes scénarios que lors des précédentes élections. Lorsque le FFS participe, le RCD boycotte dans l'espoir de ramasser quelques dividendes.» Pour nos interlocuteurs, le RCD confirme par cette décision «la stratégie de soutien et de récupération adoptée depuis le début des événements de Kabylie». Beaucoup de nos interlocuteurs pensent qu'en optant pour le boycott des élections locales, le parti de Saïd Sadi mise sur une stratégie qui lui permettra à long terme de «se refaire une virginité» et de «rebondir au bon moment et dans les conditions qu'il jugera opportunes». Au sein de cette tendance, on reste très rassurés par cette non-participation. D'autres citoyens se sont montrés très critiques envers le parti de Saïd Sadi qu'ils accusent de «choisir la facilité». «C'est le meilleur moyen de cacher sa faiblesse», lance ce commerçant de la capitale des Hammadites qui s'étendra sur l'entrée du RCD au gouvernement et les arguments développés à l'époque pour convaincre la population de la justesse de sa politique, avant de préciser: «Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va me faire croire que leur position par rapport aux municipales est pour le bien de la région!». Plus loin, c'est une militante de la condition féminine qui nous fait partager sa déception et ses craintes. «On a l'impression que c'est la mort du parti qui est programmée. Je ne comprends pas qu'on puisse opter pour une absence aussi longue dans les institutions de l'Etat», avance-t-elle, en regrettant qu'«une formation politique qui a, pendant longtemps suscité espoir au sein de la société puisse en arriver à redouter le verdict populaire», allusion au boycott des élections du 10 octobre. Globalement, l'absence du RCD aux prochaines joutes électorales est accueillie dans une indifférence totale eu égard au peu de réactions qu'elle a suscitées hier dans la région de Basse Kabylie.