Une réunion à Tolède en Espagne se penchera sur l'éventuelle installation de scanners corporels dans les aéroports européens. La lutte antiterroriste au Sahel risque de buter sur l'imbroglio du scanner corporel. Les méthodes adoptées par la nébuleuse Al Qaîda prennent de nouvelles formes, relèvent de nombreux observateurs de la scène sécuritaire. Les cibles changent et les méthodes opératoires sont de plus en plus affinées, soutiennent-ils encore. Dans un contexte, marqué par la polémique née du scanner corporel, l'Union européenne vient d'adopter une nouvelle stratégie antiterroriste. Le transport aérien est une cible du terrorisme, a estimé hier, le secrétaire d'Etat espagnol à la Sécurité, Antonio Camacho. Une réunion informelle des ministres européens de l'Intérieur et de la Justice aura lieu aujourd'hui et ce, jusqu'à vendredi prochain à Tolède en Espagne. Outre les discussions sur la mise en place d'une politique commune de sécurité dans des zones à risque comme le Sahel, cette réunion se penchera sur l'éventuelle installation de scanners corporels dans les aéroports européens. D'ailleurs, l'Exécutif européen a proposé le mois dernier que les scanners corporels, d'ores et déjà utilisés par certains Etats, dont les Pays-Bas, soient intégrés à la liste des mesures de sécurité autorisées dans les aéroports des 27 Etats membres de l'UE. Ce zèle sécuritaire, qui se ferait au détriment des droits de l'Homme, autrement dit poser nu à l'aéroport, a soulevé un tollé dans les pays du pourtour sahélien dont l'Algérie. Intolérable atteinte à la dignité humaine ou parade contre le terrorisme: les avis sur les scanners corporels sont très tranchés en Europe, et Washington va avoir fort à faire pour convaincre les gouvernements de l'UE d'imposer ce type de contrôle dans leurs aéroports. La secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, qui prendra part à cette réunion, tentera de convaincre ses homologues européens de la nécessité de cette mesure. Mais elle arrive en terrain miné et à un mauvais moment. Les autorités américaines ont en effet été contraintes de présenter leurs plates excuses au député écolo-communiste espagnol, Gaspar Llamazares, dont une photographie a été utilisée par le FBI pour élaborer un portrait-robot d'Oussama Ben Laden vieilli. En outre, la mesure est jugée notamment discriminatoire. Elle a suscité une vive protestation du gouvernement algérien suite à la décision prise par les autorités américaines d'inclure les ressortissants algériens dans une liste de pays à soumettre à des mesures spécifiques de contrôle dans les aéroports américains et européens. Dans cet ordre d'idées, la lutte antiterroriste commune envisagée au Sahel sera de ce fait remise en cause. Par ailleurs, l'ambivalence de la lutte antiterroriste au Sahel est déjà pressentie. Alors que les autorités maliennes sont accusées de complicité avec les ravisseurs des ressortissants européens, le gouvernement mauritanien a engagé présentement un dialogue avec les salafistes. Cela dit, le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, a déclaré avant-hier, que la solution à la situation au Sahel se trouve entre les mains des gouvernements et des populations des pays de la région.