C'est du moins ce que déclarait, jeudi, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, avec en toile de fond la crainte de la France des attaques d'Al Qaîda. Paris veut rassurer. Le nouveau dispositif de sécurité aérienne adopté en France et incluant l'Algérie parmi les pays à risque «n'est dirigé contre aucun pays» et ne «stigmatise» aucune population. Les assurances viennent du ministère français des Affaires étrangères. «Il faut éviter tout malentendu. Le dispositif français de sécurité aérienne n'est dirigé contre aucun pays», a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, jeudi, lors de son point de presse quotidien. «La France, a déclaré M.Valero, n'a pas oublié le combat douloureux mené par l'Algérie contre le terrorisme.» Mais ce combat n'est pas terminé «car la menace demeure», même si elle a changé d'intensité et de nature, a-t-il expliqué. Paris s'inquiète de l'activité d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) dans l'immense zone du Maghreb et du nord du Sahel. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a salué la «détermination des Algériens à lutter contre le terrorisme», affirmant que la France continuera à travailler «en étroite coordination avec eux». Retenons toutefois, la détermination de la France à aller jusqu'au bout de son projet, classant l'Algérie à l'image de 29 autres pays, dans la liste des zones à risque. Cela se traduira sur le terrain par des contrôles très stricts au niveau des aéroports. Les premières mesures entreront en vigueur dans quelques jours. Il s'agit de l'expérimentation des scanners corporels. Deux semaines après l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit, cette décision a été prise au plus haut sommet de l'Etat français, selon Jacques Le Guillou, sous-directeur de la sûreté et de la défense à la Dgac, qui a détaillé au site Internet de l'hebdomadaire Le Point la mise en oeuvre de ce système controversé. Echaudées par le précédent de Nice, en 2008, lorsque le gouvernement avait tenté d'expérimenter les scanners corporels avant de devoir faire marche arrière, les autorités ont, cette fois, anticipé la polémique. «Le dispositif sera optionnel, les passagers pourront refuser de se soumettre au scanner corporel», explique Jacques Le Guillou. Il y a deux ans, ce sont en effet les accusations de voyeurisme de parlementaires européens et d'associations de respect des libertés individuelles qui avaient eu raison du projet porté alors par la ministre de l'Intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie. La Dgac assure qu'en Finlande, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, où les scanners individuels sont déjà en test, 98% des passagers s'y soumettent volontairement. «Les autres (ceux qui refusent de se soumettre au scanner) seront soumis à une fouille corporelle approfondie», précise Jacques Le Guillou. La France plaide pour que des «réponses communes» européennes soient mises au point en matière d'échange de données, de contrôle de sûreté dans les aéroports ou de sûreté des vols arrivant en Europe. «La sûreté aérienne relève de compétences exclusivement européennes», rappelle Jacques Le Guillou. Le règlement 300/2008, décidé après les attentats du 11 septembre et plusieurs fois réactualisé depuis, ne fait pas mention des scanners corporels. Mais les autorités françaises entendent s'appuyer sur son article 6, qui prévoit que «les Etats membres peuvent appliquer des mesures plus strictes que les normes de base communes (...) sur la base d'une évaluation des risques». Alors que les portiques de sécurité actuels ne permettent que la détection d'objets métalliques portés par une personne, le scanner corporel met littéralement le voyageur «à nu». Les ondes millimétriques émises à l'intérieur d'une petite cabine traversent en effet les vêtements, mettant à nu la personne soumise à ce traitement, d'où la levée de boucliers contre leur utilisation dans les aéroports.