Alors que le département d'Etat dépêche l'ex-ambassadrice à Alger, Janet Sanderson, des journaux français rapportent que la visite de Bernard Kouchner a été annulée. Au moment où l'Amérique déploie son «artillerie» diplomatique pour rassurer Alger en dépêchant Janet Sanderson, responsable au département d'Etat, la crise s'accentue entre l'Algérie et la France, si l'on en juge par la froideur des relations entre les deux pays. Demain, l'ex-ambassadrice à Alger (2001-2003), Mme Sanderson, animera un point de presse au siège de l'ambassade des Etats-Unis à Alger, pour s'expliquer, entre autres, sur les raisons qui ont poussé son pays à inclure l'Algérie dans une liste de pays dont les ressortissants seront soumis à des mesures spécifiques de contrôle. A cette mesure qualifiée de «discriminatoire» et de «malencontreuse», l'Algérie a officiellement réagi en convoquant l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique pour lui faire part de ses vives protestations. Les événements se sont accélérés au pays d'Obama puisque la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a tenté de se ressaisir en appelant son homologue algérien, Mourad Medelci. Des sources diplomatiques rapportent que la communication téléphonique entre les deux responsables n'a pas pu calmer l'ire d'Alger dont l'image est déjà suffisamment écornée par des scandales de corruption qui éclatent en cascade. Il fallait donc plus et les Américains s'y sont employés pour ne pas perdre un eldorado financier. Nantie de la grâce de la manne pétrolière, l'Algérie engage un programme quinquennal (2010-2014) estimé à 150 milliards de dollars. Pour Washington, «Business is business», quitte à dépêcher une diplomate particulière pour deux raisons. La première est que Mme Sanderson a passé l'essentiel de sa carrière au Moyen-Orient, la seconde est qu'elle garde intacts ses réseaux avec des responsables algériens les plus influents. Cette diplomate a été pour beaucoup dans la préparation de la fameuse visite officielle effectuée par le Président Bouteflika aux Etats-Unis en 2001. Quid de la France qui, elle aussi, a inscrit l'Algérie sur la même black liste? Silence radio. Une posture qui n'augure rien de bon pour les relations entre les deux pays déjà alourdies par le poids du dossier de la mémoire, l'affaire des moines de Tibhirine, et l'affaire du diplomate Hasseni. Pis encore, face à «l'avancée» américaine, la France recule. Bernard Kouchner ne viendra pas en Algérie. C'est ce que rapporte le quotidien français Le Figaro qui annonce que «la visite à Alger de Bernard Kouchner, prévue cette semaine, a été annulée par le gouvernement algérien». En fait, Alger ne peut plus s'accommoder de la politique menée par le Quai d'Orsay, même assaisonnée avec les bonnes intentions du président Sarkozy qui a rappelé son soutien en 2007 à l'arrêt du processus électoral de 1991 en Algérie. Le French doctor n'a jamais été en odeur de sainteté auprès d'Alger. Dès sa nomination, en 2007, à la tête de la diplomatie française, la perturbation des relations entre les deux pays était déjà prévisible. Alger reproche à Bernard Kouchner bien plus que ses positions diplomatiques mais son sacro-saint principe du «droit d'ingérence humanitaire». Aux pires moments du terrorisme, M.Kouchner ne ménageait pas ses efforts sur les tribunes internationales pour appeler à une ingérence en Algérie, ce qui n'a jamais été du goût des décideurs algériens. Dans le «dossier Algérie», Washington vient de court-circuiter Paris après l'avoir éliminé de Haïti. Pour mesurer la querelle diplomatique entre les deux puissances, il n'y a qu'à voir comment ces deux pays ont étalé leur ego national dans l'aide d'urgence aux sinistrés de Haïti. La France s'irrite contre le leadership américain dans l'organisation de l'aide en Haïti mais ne s'empresse pas de faire connaître son inquiétude suite au regain d'intérêt US pour cette partie de l'Afrique du Nord..