«Nous sommes engagés à discuter avec l'Algérie et les autres pays pour trouver une solution à même de parer à la menace terroriste» a-t-elle déclaré. «Nous vous avons entendu, cette décision n'est pas définitive, elle est discutable et elle ne concerne pas spécifiquement votre pays ou un autre, elle vise seulement à assurer la sécurité des voyageurs à travers le monde.» C'est en ces termes- peu convaincants- que la sous-secrétaire adjointe américaine chargée des Affaires du Proche-Orient au département d'Etat, Janet Sanderson, a tenté de répondre aux journalistes qu'elle a laissé sur leur faim hier, lors d'un point de presse organisé au siège de l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Elle précise que son pays «est constamment en train d'étudier cette liste et les changements dépendront des risques ou de la menace elle-même». «L'objectif de ces mesures ne vise pas un pays ou un autre mais vise à combler une faille dans la sécurité aérienne», a-t-elle expliqué. L'Algérie figure sur une liste noire de 14 pays, établie par les Etats-Unis, et dont les citoyens sont désormais soumis à des mesures supplémentaires de contrôle sécuritaire, suite à la tentative d'attentat le 25 décembre contre le vol Amsterdam-Detroit de la compagnie Delta Air Lines. Alger a protesté vivement contre cette décision américaine qu'elle qualifie de «malencontreuse, injustifiée et discriminatoire». Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a exprimé l'indignation et la protestation du gouvernement algérien à l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, David D. Pearce. Par ruse diplomatique ou par innocence politique, Janet Sanderson, a soutenu hier, que «cela n'affectera pas les bonnes relations de coopération existantes avec l'Algérie». Aux questions: «Pourquoi l'Algérie sur cette liste? Quels sont les critères qui ont motivé cette classification?», l'ex-ambassadrice à Alger, de 2000 à 2003, a servi la même réponse, sous différentes variantes, mais qui se résume à peu près à cela: «Nous sommes engagés à discuter avec l'Algérie et les autres pays pour trouver une solution à même de parer à la menace terroriste», précisant que cette liste est conjoncturelle. «La décision a été prise par le président Obama pour répondre à une situation d'urgence qui s'imposait et le but étant de protéger les voyageurs à travers le monde, elle n'est pas figée, elle peut évoluer», a-t-elle affirmé non sans avouer qu'elle ignore sur quels critères a été établie cette liste encore moins pourquoi spécialement l'Algérie. Face à ce manque d'arguments, il est alors légitime de supposer qu'il y a d'autres raisons qui ont motivé le choix des Américains appuyés par la France. Ne s'agit-il pas de pressions pour des raisons autres que sécuritaires? Des observateurs soutiennent qu'il s'agit en effet, de pressions pour faire revenir l'Algérie sur ses choix économiques de ces derniers mois. Il faut rappeler que la loi de finances complémentaire 2009 n'a pas été du goût aussi bien des entreprises françaises qu'américaines. Lesquelles entreprises l'ont fait savoir clairement d'ailleurs. Et quand il s'agit de milliards de dollars à gagner, tous les moyens sont bons pour y parvenir, quitte à placer le pays qui a gagné ses galons dans la lutte antiterroriste, sur la liste noire. Sur les raisons de cette visite à Alger, Janet Sanderson a indiqué qu'elle est porteuse d'un message de coopération avec l'Algérie. La diplomate américaine a souligné que sa visite en Algérie s'est effectuée «à la demande de la secrétaire d'Etat, Mme Hillary Clinton, pour exprimer le souhait des Etats-Unis d'Amérique d'améliorer davantage les relations bilatérales». A cours d'arguments sur la question sécuritaire- elle dit ignorer le dossier- Mme Sanderson s'est contentée de constater les grands changements enregistrés par l'Algérie sur le terrain. «L'Algérie connaît un changement notable, une importante amélioration en matière sécuritaire», a-t-elle affirmé. «Nous constatons beaucoup d'améliorations en Algérie sur le plan sécuritaire ces dernières années», a ajouté Mme Sanderson. Mais apparemment, ces améliorations ne sont pas suffisantes puisque l'Algérie est considérée au même niveau sécuritaire que l'Afghanistan ou encore le Yémen. Rappelant que les Etats-Unis et l'Algérie ont été touchés de plein fouet par le phénomène du terrorisme, elle a indiqué que son pays «apprécie énormément la coopération qui nous lie avec le gouvernement algérien en matière de lutte antiterroriste, qui est très forte et stable». Enfin, interrogée au sujet du Sahel, Mme Sanderson a indiqué que cette question est «purement régionale», réitérant la volonté de son pays d'«apporter aide et assistance» s'il y a une demande dans ce sens.