Discours, lois et justice n'ont pas suffi à s'ériger en barrage efficace contre la corruption. Une action plus musclée contre la corruption se fait sentir chaque jour davantage. Les scandales ayant impliqué des sociétés et des institutions publiques sont des affaires trop importantes pour être classées au chapitre des faits divers. De toute évidence, l'arsenal juridique, censé jouer un rôle de dissuasion, n'a pas fonctionné. Faut-il alors passer à un autre niveau de mobilisation de lutte contre la corruption? Et qui se chargera de cette mission? Les affaires de corruption n'épargnent aucune entité. A commencer par celles qui votent les lois contre la corruption. La course aux sénatoriales de décembre dernier a révélé au grand public que l'argent a gangrené même les institutions censées le représenter. De là à ce que des cadres de Sonatrach ou de ministères soient corrompus, la chose ne devrait plus être étonnante. Mais ce n'est pas parce que la corruption est généralisée que tout le monde doit baisser les bras. Bien au contraire. Si jusqu'à présent, la loi de 2006 n'a pas suffi à limiter l'ampleur du phénomène, il est temps de se pencher sur ses lacunes et de combler ses failles. La tâche revient au législateur. Il n'est pas inconnu de lui, que deux parties entrent en jeu dans des affaires de corruption et que si la chaîne ne peut pas être brisée à ce niveau, il faudrait introduire un autre élément pour perturber le système et mettre fin à la quiétude dans laquelle opèrent les contrevenants. Recueillir des témoignages pourrait se révéler une source d'information importante pour les services de sécurité. Mais il y aura sûrement des opposants qui y verront un flicage dangereux de la société où tout le monde deviendra suspect. En plus du fait que nul n'est à l'abri des dénonciations calomnieuses pourtant basées sur des accusations qui n'auraient d'autre objectif que celui de porter atteinte à des concurrents. Malgré ces objections, il est indéniable que les dénonciations ont fait leurs preuves dans d'autres pays, notamment en Occident. C'est dans des entités où la culture du bien public est la plus forte que les méthodes de lutte contre la corruption sont les plus développées. En Algérie, la situation ne doit pas différer. C'est toujours l'argent public qui est dilapidé pour enrichir des personnes sans aucune contrepartie. Des montants importants devraient être débloqués dans les cinq prochaines années pour être consacrés aux projets de réalisation de diverses infrastructures. C'est un vivier inespéré pour tous ceux qui ont l'habitude de vivre des dessous de table. Barrages, routes, écoles et hôpitaux risquent d'être réalisés dans des standards qui n'ont rien à voir avec les normes exigées, tout simplement parce que les entrepreneurs sont loin d'avoir acquis toutes les compétences requises. Ce sont eux qui ont recours à la corruption pour décrocher des marchés au lieu de suivre la procédure habituelle légale. En plus de la dilapidation de l'argent public, ce sont des menaces que font peser les corrompus sur les citoyens. Devant tous ces risques, des sanctions exemplaires doivent être opposées à tous ceux qui se sont rendus coupables de malversation. En contrepartie, il n'est pas inutile d'assouplir quelques règles qui ne font qu'entraver l'activité quotidienne des entrepreneurs et dont l'existence ne fait que les pousser dans les bras des tenants de l'administration. De l'autre côté, même les fonctionnaires signalent qu'ils ne sont pas à l'abri de la corruption s'ils continuent à ne percevoir qu'un semblant de salaire. Les magistrats qui sont en première ligne dans la lutte contre la corruption ont été les premiers à soulever cette problématique. Mais là aussi, il est légitime de se demander si l'honnêteté se monnaie à son tour. Il y a quelques jours, le ministre des Relations avec le Parlement, Mahmoud Khedri, avait fait état d'un manque de confiance entre les électeurs et les élus et que cela n'est pas sans conséquences sur la moralisation de la vie publique. Un exemple vient de lui être fourni par le scandale Sonatrach. Le peuple réclame des têtes. Mais qui sera le bourreau?