Il y a, quelque part, un complexe dûment enraciné dans les analyses de certains esprits. Les images montrées par les chaînes de télévisions européennes décrivant les pertes tant humaines que matérielles causées par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le centre du Vieux continent ces derniers jours (Allemagne, Autriche, Tchéquie, Slovaquie, Pologne) et qui ont fait plus d'une centaine de morts, sont comparables à celles déjà vues dans notre pays, lors de la tragédie de Bab El-Oued du 10 novembre dernier. Par leur ampleur, par l'impréparation et la lenteur des autorités de ces pays à faire face aux demandes de secours des populations touchées par ces intempéries, ces images et les commentaires qui les ont accompagnées ont révélé une évidence que certains n'ont pas voulu admettre lors du déluge qui a frappé les populations du quartier algérois: aucun pays au monde, quels que soient son développement technologique, son organisation administrative et ses moyens matériels, ne peut prévoir ce genre d'événements, et encore moins gérer rapidement et efficacement leurs conséquences immédiates. Ce camouflet de dame Nature à tous ceux qui ont crié dès les premiers jours et sans preuves à la défaillance des autorités algériennes face à la tragédie de Bab El-Oued, voire à la responsabilité directe de ces mêmes autorités dans le nombre élevé, selon eux, des morts (700) et des blessés et autres disparus ne trouvent rien à dire, aujourd'hui, devant les mêmes événements, sinon de les présenter comme d'anodins faits divers ou encore de simples dérèglements du climat de la planète sous l'effet de serre qui résulte de la détérioration de la couche d'ozone. Autrement dit, un même phénomène climatique n'a pas la même signification en Europe et en Algérie selon certains médias algériens qui saisissent le moindre fait anodin pour lui donner une lecture politicienne.Or, aujourd'hui, en Allemagne par exemple, le chancelier Gerhard Schröder qui a rendu visite aux sinistrés des intempéries qui ont ravagé ce pays ( 3 milliards d'euros de dégâts), est en pleine campagne électorale, pourtant personne n'a trouvé à redire quant à sa gestion de la crise ou à lui reprocher une quelconque exploitation électoraliste de la situation de détresse de ses compatriotes. C'est que, quand il s'agit de pays occidentaux idolâtrés par certains journaux algériens comme modèles et comme références de développement, un fait divers reste un fait divers et les aléas climatiques de simples caprices de la nature malgré toutes les insuffisances et les imperfections constatées çà et là dans la gestion des conséquences engendrées par ces phénomènes climatiques. Cette double lecture délibérée d'un même événement relève de la mauvaise foi ou, en tout cas, de la volonté de travestir des faits avérés à des fins inavouées. Il y a aussi, quelque part, un complexe dûment enraciné dans l'esprit de ces gens: celui de l'éternel colonisé.