La nuit d'hier fut tout simplement magique. Après leur victoire aux dépens des Eléphants de Côte d'Ivoire, les Verts signent leur grand retour dans le carré d'as africain. Hier, l'Algérie entière a vibré au rythme de cet exploit. La nuit fut belle, étoilée, pleine de couleurs et de musique. L'exploit des Verts a répandu une symphonie joyeuse dans les quatre coins du pays. Intitulée «Maak Y a l'khadra, Diri Hala», cette symphonie fut écrite par Ziani and Co. Elle fut exécutée magistralement et répandit une liesse indescriptible. A l'instar des autres villes, Alger s'est ornée des couleurs nationales pour célébrer l'exploit. La nuit fut longue et la fête totale. Il est 22h30, El Bahdja retient son souffle. Les Verts sont à quelques minutes du bonheur. Pour le moment, ils mènent 3 à 2 devant l'ogre ivoirien. Plus que deux minutes à tenir, une minute, quelques secondes et...c'est la délivrance! L'Algérie est en demi-finale de la Coupe d'Afrique des nations. Le coup de sifflet final de l'arbitre donne le «la» à la joie. La place des Martyrs est envahie de cortèges. Aux klaxons stridents répliquent des youyous qui fusent des balcons. «Je suis fier de nos héros», clame Saïd M., un jeune âgé de 24 ans. Vêtu d'une sorte de burnous vert, blanc et rouge, il porte un chapeau à l'effigie des Fennecs. Il a du mal à s'arracher à ses amis. A quatre, ils l'entourent. Ensemble, ils entonnent des chants et dansent comme des fous. «One,two, tree, viva l'Algérie», clament-ils à tue-tête. Nous prenons sur la Grande-Poste. Le coeur de la place bat la chamade. De tous les coins de la capitale, hommes, femmes, vieux et enfants sont venus faire la fête. La rue Didouche Mourad s'est mue en un bracelet d'argent dédiée à El Bahdja. D'immenses cortèges font le va-et-vient. «Il est rare de vivre des moments pareils», avoue Nassima, une femme au foyer. Sur son beau visage se décline un sourire angélique. De ses yeux se dégage l'éclair de son regard. En un clin d'oeil, il perce le ciel et illumine les traits d'un portrait. Ce sont les traits d'El Bahia. A son tour, Oran, chante et danse à la gloire des Verts. Malgré le froid glacial, accompagné de fortes pluies, plusieurs milliers d'Oranais sont sortis dans les rues dès la fin du match. Lieu habituel des jubilations, le centre-ville est en extase. Une longue procession humaine s'est déchaînée d'Es Sénia, Maraval, Bir El Djir, Arzew à Aïn El Türck, pour rendre hommage aux Fennecs. «C'es la folie totale», s'est extasié Kacem Elimam, président des Hamraoua qui a prédit la victoire malgré le premier but ivoirien. Lui emboîtant le pas, Yacine Aït Meddour, Hadji Aziz et Mouhouche Ichalalen ont déclaré à chaud que la motivation des Verts a eu raison de la puissance des Eléphants. Sur un air enchanté d'Ahmed Wahbi, El Bahia salue Yemma Gouraya. Béjaïa, le bijou, dévoila sa beauté à l'occasion de la grande fête. Dans la ville et les villages, une toile en vert, blanc et rouge est étalée. «Je remercie Ziani et ses camarades. Ils nous ont montré ce dont est capable la jeunesse algérienne», s'enflamme Dda M'hend, un père de famille, rencontré au quartier Ihaddaden de Bougie. Ces propos sont portés par un Acewwiq du rossignol Allaoua Zerrouki. Doux comme l'eau de source, cet Accewiq berce Lalla Khadidja. Des monts du Djurdjura, les chants coulent à travers les rivières. Ils prennent la direction de Tizi Ouzou. Les murs et les places étaient tout en vert, blanc et rouge. Juste après le match, des cortèges de véhicules ont commencé à sillonner les boulevards. L'ambiance est à son paroxysme. Drapeaux, fanions, klaxons, tout est mis en oeuvre pour fêter la victoire des Verts. A cet instant, un youyou assourdissant fuse du côté des bâtiments bleus, Ce youyou se répercute sur la ville de Bouira Il raconte l'histoire d'une soirée unique. Dès 8h30, la ville est entrée en couvre-feu. Deux heures durant, les Bouiris vivront au rythme infernal d'un match interdit aux cardiaques. Qu'à cela ne tienne, l'exploit des Fennecs fera oublier toutes les peines à leurs inconditionnels. «Ce big match est une réponse cinglante aux détracteurs de Saâdane qui se sont empressés à le clouer au pilori après à la défaite contre le Malawi», dira Sadek, un cadre de la Jeunesse et des sports. L'appréciation de Sadek accompagne «la fiancée du soir». Cette dernière est allée chercher de l'eau à Aïn El Fouara. A Sétif, les habitants ont bravé le froid glacial pour rendre un hommage populaire à la bande à Saâdane. «C'est la victoire du coeur» dira, à juste titre, Toufik Rouabah, l'ancien adjoint de Rabah Saâdane à l'Entente de Sétif. «Que voulez-vous que je vous dise, c'est une qualification que j'estime méritée. Il est vrai que ça n'a pas été facile à acquérir devant une équipe ivoirienne avec toute son armada de stars, néanmoins nos joueurs ont montré leur vrai visage, c'est-à-dire celui que nous avons connu durant leur parcours lors des éliminatoires. C'est en tout cas, une qualification qui va faire beaucoup de bien au moral des troupes pour le restant du parcours, mais aussi pour bien préparer le prochain mondial», ajoute notre interlocuteur. Appréciation juste qui trouvera son écho dans la ville des Ponts. Sur les notes joyeuses du malouf, les Constantinois ont écrit sous la voûte céleste intitulée une partition «Djibouha y a l'ewlad». Mêlée à toutes celles exécutées dans les villes et villages du pays, cette partition prend la dimension d'un «Hymne à la joie» populaire. La liesse d'hier était un hommage rendu, à l'unisson, aux Fennecs. La nuit d'hier avait des couleurs, celles de l'emblème national.