Plusieurs voix officielles égyptiennes ont appelé au fair-play. Le pays des Pyramides plaide coupable pour une injustice historique qui dure depuis près de 30 ans. Les officiels égyptiens reconnaissent, enfin, le sacrifice consenti par l'Algérie durant la guerre d'Octobre 1973. Cette confession est venue de Ahmed Aboul Gheît, ministre égyptien des Affaires étrangères. «L'Egypte a aidé l'Algérie durant la guerre de Libération. De même, cette dernière a participé à la guerre d'Octobre», a déclaré, hier, M.Aboul Gheît. Allant dans le sens de l'apaisement, ces propos ont été repris en exclusivité par le quotidien cairote Al Goumhuriya. L'organe imposant du paysage politico-médiatique égyptien en a même fait sa une. C'est dire l'importance accordée à ces déclarations. Surtout qu'elles émanent d'un haut responsable du pouvoir égyptien. Aussi, Al Goumhuriya est connu être proche du gouvernement Moubarak. De même, M.Aboul Gheît a espéré que les Egyptiens et les Algériens comprennent qu'ils constituent deux peuples frères. «Les relations entre les deux pays ne doivent aucunement être altérées par une rencontre de football», a-t-il insisté. Aussi, ce dernier a indiqué qu'il est en contact permanent avec son homologue algérien, Mourad Medelci. Les deux ministères s'attellent à assurer la sécurité des ressortissants algériens et égyptiens dans les deux pays respectifs. A l'instar de l'Algérie, l'Egypte prône, donc, la voie de la raison. Finie l'invective. Fini le secret entretenu sur les sacrifices consentis par l'armée algérienne dans la guerre de Ramadan. Finie la réclamation d'une dette historique concernant l'aide de l'Egypte à l'Algérie combattante. L'heure d'une révision sereine de l'histoire a sonné. Le 6 octobre 1973, les troupes égyptiennes et syriennes ouvrent les hostilités. Objectif: La libération de la péninsule du Sinaï occupée par les Israéliens depuis la guerre des Six Jours en 1967. Pour sa part, l'Algérie n'hésite pas à envoyer la fine fleur de son armée de terre: la 8e Brigade blindée, la légendaire 8e BB. Ainsi, 3000 militaires, tous grades confondus, sont mobilisés. Ainsi, l'Algérie dépêche-t-elle en Egypte pas moins de 128 chars et engins blindés, 12 canons d'artillerie, 16 canons antiaériens. Pour faire face à la redoutable aviation sioniste, 4 escadrons d'avions de combat ont été, également, réquisitionnés. Soit un total, de 50 appareils. Durant cette guerre, pas moins de 117 militaires algériens tombèrent en martyrs sur le sol égyptien. Un autre aveu, sur le plan sportif: les autorités politiques et sportives égyptiennes découvrent enfin la dimension des Verts. «A l'issue du match, il y aura un gagnant et un perdant. La défaite n'entame en rien la valeur des deux grandes équipes», a estimé M.Aboul Gheit. «Deux grandes équipes», le mot est lâché! Le ministre égyptien des Affaires étrangères met sur le même piédestal de grandeur les Fennecs et les Pharaons. Ainsi, la prestation des Verts devant la Côte d'Ivoire aux quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations a fait son effet. Le Onze national a donné une leçon de football aux Eléphants. Joignant l'art à la manière, ils ont battu l'un des hyper favoris au sacre final. A l'issue de cette rencontre, spécialistes et néophytes ont revu leurs appréciations sur l'Algérie. Désormais, la Sélection nationale endosse la peau de favori pour le titre africain. En face, les Egyptiens ont mis le paquet sur cette CAN. Surtout après leur élimination de la Coupe du monde par...l'Algérie. Donc, l'enjeu est de taille pour l'Egypte. «Notre objectif est de garder le trophée», a déclaré, hier, Samir Zaher, président de la Fédération égyptienne de football, sur les colonnes du quotidien cairote Al Ahram. L'Egypte veut réussir un exploit historique: remporter la Coupe d'Afrique trois fois consécutives. Pour cela, ils doivent passer l'écueil algérien. La mission ne sera pas de tout repos pour les Pharaons. Preuve en est, les autorités égyptiennes adoptent le profil bas. De plus, Taleb Anas Al Faqih, ministre de l'Information, invite les médiats des deux pays à traiter les retrouvailles entre Algériens et Egyptiens avec objectivité. En fin de compte, la rencontre ne doit pas sortir du cadre sportif. Et que le meilleur gagne.