L'ex-gardien international de l'Equipe nationale qui a été pour beaucoup dans le parcours des Verts au mondial de 1982, Mehdi Cerbah, a bien voulu répondre aux questions de L‘Expression en livrant ses impressions sur le match contre l'Egypte et le parcours des Verts dans cette CAN. L'Expression: Quel commentaire faites-vous du match Algérie-Egypte? Mehdi Cerbah: C'est un match où l'on aurait pu éviter un tel scénario. Les joueurs n'ont pas su maîtriser leurs nerfs. Un homme averti en vaut deux, dit le proverbe; on connaissait bien notre adversaire, mais on est rentré dans son jeu. Il fallait faire plus attention. Il est vrai que le premier avertissement de l'arbitre à Halliche était gratuit, le penalty est laissé à l'appréciation de l'arbitre, mais jouer à dix après l'expulsion de celui-ci, n'est pas une fatalité. Il n'y avait pas de quoi s'enflammer en jouant à dix. Il restait beaucoup de temps pour pouvoir revenir dans le match. Vous voulez dire que ce n'est pas à cause d'un mauvais arbitrage? On aurait pu revenir dans le jeu après le premier but tout en jouant diminué à dix seulement. D'ailleurs, remarquez bien qu'en dépit de l'avantage d'un but qu'ils avaient sur nous, les Egyptiens avaient toujours peur. La preuve, ils n'ont pas du tout osé attaquer. Et c'est nous qui avions provoqué tout en ratant plusieurs fois l'égalisation. Quant à l‘arbitrage, il faut savoir se maîtriser dans des matchs pareils. Il faut respecter les décisions de l'arbitre et continuer à jouer et comme ça n'a pas été le cas, le résultat est là: on ouvre ainsi la porte aux critiques. Si on avait perdu 2-1 contre la Côte d'Ivoire et qu'on n'aurait pas pu égaliser, personne n'aurait eu à redire et l'équipe serait créditée d'un bon match. Mais, perdre à cause de la non-maîtrise de soi. Ce n'est pas bon à ce niveau-là. Il faut que nos responsables corrigent ça au plus vite. En Coupe du monde, ça ne pardonne pas. Et que pensez-vous des décisions de l'arbitre? En quoi l'arbitre est-il en cause? Sur le premier avertissement, il est vrai qu'il n'est pas mérité. Si tel aurait été le cas, sur le penalty il y aurait avertissement simple car le joueur a été au contact. Et ce sera le penalty. Mais, le gardien n'avait pas à intervenir de la sorte auprès de l'arbitre et puis, ce n'était pas catastrophique après la première expulsion. On pouvait bien revenir au score à dix d'ailleurs, beaucoup d'équipes avaient terminé leurs matchs à dix en remportant la partie. C'était vraiment jouable avant les deux autres expulsions faute de maîtrise des nerfs des joueurs. A dix, comme vous dites devant une équipe comme l'Egypte, ce n'est pas aussi facile... Ecoutez, on dit que les joueurs de 1982 n'aiment pas Saâdane, si je commence à critiquer on redira ça... Non, mais on demande un avis sur un plan technique et non une critique dans le sens réel du terme? Sur le plan technique, il aurait été sage de prendre la décision de continuer à jouer normalement et à ne pas s'énerver. C'est au milieu du terrain que les Egyptiens nous ont battus. Ils ont essayé de nous acculer en utilisant le pressing très haut, ce qui a gêné notre équipe dans son évolution. Puis, vient ce deuxième but qui les a libérés. Ils ont de tout temps adopté la même situation. Après le premier but, nos joueurs ont paru émoussés et ont baissé de ton. Qu'auriez-vous fait si vous étiez l'entraîneur? (Rires). Chaque entraîneur a sa tactique et son plan de jeu. En tous les cas, à mon avis, et je dis bien à mon avis, on aurait dû se remettre en place. Il aurait été plus sage de renforcer l'axe central. On aurait pu décaler Antar Yahia dans l'axe et faire rentrer d'emblée Laïfaoui. Il fallait enlever un joueur du milieu et laisser en pointe uniquement Ghezzal. L'équipe algérienne avait les moyens de revenir. Dommage. Vous pensez que l'équipe égyptienne était bien prenable même à dix? Oui, certainement. Quand on bat une équipe comme la Côte d'Ivoire, il est plus facile de battre l'Egypte. Ce n'est pas du tout un foudre de guerre. L'Algérie avait et a les moyens de battre cette équipe égyptienne. Quant à l'histoire de l'arbitrage, il faudrait faire avec. Un match ne ressemble jamais à un autre. Il fallait parer au plus pressé avant d'attaquer. Les Egyptiens avaient d'ailleurs continué à jouer sur le même rythme et ils ont réussi ce deuxième but qui a déstabilisé nos joueurs et qui a été le tournant du match. En dehors de ce match contre l'Egypte, comment évaluez-vous le parcours de l'EN dans cette CAN, jusque-là? Je dirais que c'est un parcours honnête, il faut bien le reconnaître. Quand on bat des équipes de la trempe du Mali et de la Côte d'Ivoire, cela veut dire qu'on a forcément de bons joueurs. Maintenant, il faudrait se remettre au travail et éliminer les erreurs commises et ne plus les commettre tout en préparant sérieusement cette Coupe du monde qui arrive. Mais, il reste encore ce match de classement contre le Nigeria? Eh bien, ce n'est pas un match d'importance. Terminer 3e ou 4e pour moi, c'est la même chose. Il faut, plutôt calmer les esprits et que cette défaite serve de leçon. Il ne faut donc plus s'enflammer, mais avoir des nerfs solides dans ce genre de compétition. Ce n'est pas dramatique d'être éliminé en demi-finales d'ailleurs, beaucoup d'équipes étaient favorites et n'ont même pas atteint ces demi-finales...