Un an après avoir promis et ordonné la fermeture de la prison en janvier 2010 et plusieurs mois après avoir annoncé qu'il ne tiendrait pas son engagement, le président américain a les mains de plus en plus liées. La remise en question d'un procès du 11-Septembre en plein coeur de New York n'est que le dernier contretemps auquel Barack Obama est confronté dans la fermeture de Guantanamo, qui s'apparente de plus en plus à un casse-tête sans fin. Devant la réticence d'élus locaux et parlementaires, la Maison-Blanche envisage de renoncer à son intention d'organiser à New York, devant un tribunal de droit commun, le procès de cinq détenus de Guantanamo accusés d'avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001. Un an après avoir promis et ordonné la fermeture de la prison en janvier 2010 et plusieurs mois après avoir annoncé qu'il ne tiendrait pas son engagement, le président américain a les mains de plus en plus liées par le casse-tête politique, judiciaire et humanitaire qu'il a hérité des années Bush. Son envoyé spécial pour la fermeture de Guantanamo, Dan Fried, qui parcourt le monde à la recherche de pays d'accueil pour les détenus, a reconnu mercredi à Bruxelles que le site pourrait ne pas fermer avant «la fin du premier mandat du président Obama», soit en janvier 2013. Aujourd'hui composée de 192 détenus, dont plus de la moitié doivent être rapatriés ou libérés dans des pays tiers, la prison la plus controversée du monde recouvre des situations diverses, de l'innocent arrêté par erreur au cerveau autorevendiqué des attentats du 11-Septembre. Tribunaux militaires ou civils, absence de preuves fiables, mauvais traitements reçus par les prisonniers, refus des élus de voir les prisons américaines accueillir ces hommes, pays de rapatriement où l'influence d'Al-Qaîda est trop ancrée...Depuis le premier jour, les obstacles sont multiples, mais ces dernières semaines, ils se sont accumulés. «Je ne peux pas dire que Guantanamo ne va pas fermer du tout, mais je ne vois pas comment cela arriverait dans les deux prochaines années», a assuré Stacy Sullivan, de l'organisation américaine Human Rights Watch. Favorable à la fermeture, John Bellinger, ancien conseiller de l'ex-secrétaire d'Etat Condoleezza Rice aujourd'hui expert au Council of Foreign Relations, un groupe de réflexion de Washington, estime que le président Obama «pourrait ne pas être en mesure de fermer en 2010 et peut-être même pas dans les trois prochaines années». Premier incriminé: le Congrès qui a adopté en juin une loi interdisant la venue sur le sol américain de tout détenu, sauf pour être jugé. «La majorité démocrate, qui a peur de son ombre ne va certainement pas voter pour faire venir les détenus de Guantanamo aux Etats-Unis pendant cette année électorale et pourrait refuser de le faire tout court», explique M.Bellinger dans une note écrite. L'administration a en effet l'intention d'acheter une prison fédérale dans l'Illinois (nord) pour abriter une cinquantaine de prisonniers jugés trop dangereux pour être relâchés mais contre lesquels les preuves sont insuffisantes pour permettre un procès. En plus d'avoir besoin d'un revirement du Congrès, l'administration va devoir, selon Stacy Sullivan, répondre à «beaucoup d'opposants à la détention illimitée (sans procès) dans l'Illinois, comparée à la détention illimitée à Guantanamo». Et le casse-tête ne cesse de se compliquer. Après que le jeune Nigérian, qui a tenté le jour de Noël de mettre le feu à des explosifs dans un avion Amsterdam-Detroit, a affirmé avoir été entraîné dans un camp d'Al Qaîda au Yémen, l'administration américaine a suspendu toute libération de Yéménites. Or, près de la moitié des prisonniers de Guantanamo sont yéménites.