Avec la probable entrée en lice des partis à fort ancrage local, les élections du 10 octobre s'avèrent, d'ores et déjà, rudes en Kabylie. L'entrée en lice, certes conditionnée, du FFS dans les élections locales change la donne. Il va de soi que le mouvement citoyen, agrippé aux résolutions de Bechloul (Bouira), ne semble pas près de bénir ces participations, même si plusieurs délégués savent qu'entre les législatives et les locales, il y a tout ce qui sépare un élu national d'une élection aux affaires de la cité. Le RCD, selon des sources sûres, ne manquera pas de décréter, lui aussi, sa participation...pour d'autres raisons. L'une de ces raisons, apparemment la plus importante même si elle est loin d'être la plus politique, est cette «obsession» de faire comme l'autre. Certes, le FFS a stratégiquement marqué un grand coup, surtout avec ce lien fait entre sa participation et la libération des détenus, ce qui le fera apparaître aux yeux de la population comme le parti qui a su débloquer une situation des plus inextricables, sans compter le programme politique tracé d'un commun accord avec le leader charismatique et le conseil national et dont les grandes lignes ont, en principe, été esquissées par le Dr Djeddaï, lors de sa conférence de presse, hier. Avant cette annonce de la participation du FFS, tout le monde «politique» se regardait en chiens de faïence. C'est à qui oserait casser le tabou. Même si, dans l'ombre, y compris dans l'ombre de certaines structures considérées comme proches du mouvement citoyen, les appétits s'aiguisent. Il faut dire que les APC de Béjaïa et de Tizi Ouzou, entre autres, ne laissent guère les «gens» indifférents. Des listes d'indépendants se préparent aussi bien dans la capitale du Djurdjura que dans la ville des Hammadites. Quant au RCD, qui pourrait annoncer officiellement sa participation lors de son prochain conseil national, il aurait, selon plusieurs sources, pris «une certaine avance», en instruisant ses «militants» d'entrer en précampagne électorale. Il reste, cependant, que cette formation risque de connaître bien des déboires avec le retrait des «gens» proches d'Ould Ali El-Hadi qui a ses «entrées» dans le mouvement citoyen et est aussi la matrice dans le monde des «activistes», principalement avec l'université. Cela sans compter avec cette «fragilisation» du parti qui n'a, en réalité, jamais retrouvé les faveurs d'une base sévèrement «déboussolée» par le parcours du parti. Un parti qui a un pied dans le pouvoir et l'autre dans l'opposition. Il reste que si ces deux partis entrent officiellement en lice, ce que leurs positions actuelles indiquent assez fort, les autres formations partisanes à l'image du MSP, d'Ennahda et même du FLN, ont moins de chance de voir leurs candidats rafler la mise. A Béjaïa comme à Tizi Ouzou, le FFS apparaît comme un grand favori, suivi du RCD et quelque peu du PT. Certes, le FLN peut grignoter des voix deci delà, mais le MSP et Ennahda semblent ne pas avoir trop de chance en Kabylie. Mais tout ce montage nécessite d'abord, afin de le voir se concrétiser, une condition que seul l'Etat est en mesure de remplir: la libération des détenus du mouvement citoyen et le retour de la sérénité.