Le mouvement palestinien Hamas avait accusé, vendredi, Israël d'avoir assassiné Al-Mabhouh, l'un des fondateurs de sa branche armée. Le chef de la police de Dubaï a déclaré hier qu'il n'écartait aucune piste dans l'enquête sur l'assassinat dans l'émirat d'un responsable du Hamas, y compris celle d'une responsabilité du Mossad, le service israélien du renseignement. «A titre personnel, je n'écarte aucune possibilité. Toute partie qui peut avoir un intérêt dans l'assassinat du responsable du Hamas Mahmoud al-Mabhouh peut avoir commis le crime, le Mossad comme une autre», a déclaré le général Dhahi Khalfan. Il a précisé que les suspects étaient au moins sept, détenteurs de passeports de plusieurs pays européens qu'il n'a pas voulu préciser ajoutant que l'authenticité de ces documents étaient en cours de vérification. Le mouvement palestinien Hamas avait accusé, vendredi, Israël d'avoir assassiné Al-Mabhouh, l'un des fondateurs de sa branche armée, le 20 janvier dans un hôtel de Dubaï, et a promis de se venger. Selon le général Khalfan, le responsable du Hamas a été tué dans sa chambre d'hôtel. Il semble avoir ouvert la porte de sa chambre aux suspects, et il est mort étouffé, a-t-il dit, ajoutant que la strangulation est possible. Selon son frère Faëq Al-Mabhouh, la victime, qui est un dirigeant des Brigades Ezzedine Al-Qassam (branche armée du Hamas), était un pourvoyeur d'armes du mouvement et a été tué par électrocution et strangulation. La presse israélienne s'est félicité pour sa part de cette «liquidation». «La mise hors jeu de Mahmoud Abdel Raouf Al-Mabhouh va rendre plus difficile la contrebande d'armes venant de l'Iran à destination du Hamas», a estimé le quotidien Israël Hayom, proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le quotidien Yediot Aharonot a titré, quant à lui, sur les «héros de l'ombre» en référence aux agents du Mossad. Interrogé sur les informations de presse selon lesquelles ses assassins lui auraient inoculé un poison qui provoque un arrêt cardiaque, le chef de la police de Dubaï a répondu que des tests sont en cours pour déterminer les causes de la mort et ajouté que l'autopsie n'a rien donné. Mahmoud al-Mabhouh était arrivé à Dubaï à la veille de sa mort avec un passeport ne portant pas son nom de famille et le mouvement palestinien n'avait pas informé les autorités émiraties de son arrivée dans l'émirat, a-t-il ajouté. «Il est étrange qu'un responsable de cette importance se déplace seul, sans aucune garde du corps», a-t-il dit. Le général Khalfan a reçu hier le consul général de Palestine à Dubaï, Hussein Abdel Khaleq, avec lequel il a évoqué l'enquête. Selon le frère du responsable du Hamas, Al-Mabhouh avait été dans le passé «la cible de plusieurs tentatives d'assassinat de la part du Mossad». Le gouvernement de Dubaï avait indiqué avoir demandé l'aide d'Interpol dans la recherche des suspects. Al-Mabhouh, 50 ans, est accusé d'être le responsable de l'enlèvement au début de la première Intifada palestinienne (1987-1993) de deux soldats israéliens qui ont ensuite été tués, ainsi que de la planification de plusieurs attentats anti-israéliens. Il s'agit du premier assassinat d'un responsable palestinien aux Emirats arabes unis, qui n'entretiennent pas de relations avec Israël. Le Mossad avait tenté d'assassiner, en septembre 1997, le chef du Hamas Khaled Mechaâl à Amman en lui injectant du poison. Le Mossad a mené de nombreuses opérations spectaculaires d'assassinat de dirigeants palestiniens à l'étranger, dont le bras droit du dirigeant historique Yasser Arafat, Abou Jihad, en avril 1988 lors d'un débarquement à Tunis, et le chef de l'organisation du Jihad islamique, Fathi Chakaki, en octobre 1995 à Malte.