Les villages et les villes sont devenus de grands réceptacles de déchets en tout genre. «La majeure partie des déchets collectés est constituée de pain et autres ingrédients de cuisine estimés à plusieurs centaines de dinars», a affirmé un éboueur de la commune d'Oran. Le phénomène est quotidien malgré la chute du pouvoir d'achat et la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Des centaines de millions de dinars sont ainsi jetés quotidiennement dans la rue. En effet, plusieurs milliers de familles continuent à ne pas se soucier des aléas rigoureux édictés par la mondialisation en persistant dans le gaspillage et les dépenses inutiles. Ce fait porte un coup dur à l'économie nationale. C'est de l'argent perdu. Les villages et les villes sont devenus des grands réceptacles de déchets en tout genre. La wilaya d'Oran n'est pas en reste. Le phénomène croissant du gaspillage du pain prend des proportions alarmantes. Le pain est quotidiennement jeté ou déposé à l'entrée des immeubles. Où va ce pain? Contre quelques dinars, le gros est vendu aux éleveurs de bétail après qu'il est récupéré par des jeunes et moins jeunes spécialisés dans la récupération en la matière. Ces derniers fouinent dans les fonds des décharges. Les preneurs sont nom-breux. Ils sillonnent chaque matin les quartiers de la ville en quête de «khobz yabès» (pain sec) qu'ils revendent au prix de 5 à 7 Da/kg, selon l'offre et la demande. Il faut au moins 20 baguettes pour constituer un kilogramme de «khoz yabès». Imaginons la perte sèche que subit l'Oaic en plafonnant les prix de la farine panifiable à 2000 DA/quintal. «Rien n'explique un tel gâchis» indique-t-on avant de préconiser la nécessité de l'instauration des moyens permettant de juguler le phénomène à la source. Faute d'une stratégie économique fiable et en l'absence d'appareils de suivi et de contrôle, la situation prend des courbes proportionnelles. Les restaurateurs, les fast-foods et les cantines se mettent pleinement de la partie. Les boulangers, qui jouent un grand rôle, n'hésitent pas à panifier du pain ne répondant pas aux normes de qualité. Ces derniers, sachant à l'avance que leur pain ira tout droit à la poubelle ou tout au moins aux écuries. A la faveur du défaut flagrant des déclarations des chiffres d'affaires réalisés et la rentabilité du secteur, les boulangeries, en particulier, les fours dits syriens, envahissent davantage les coins des villes. Au vu de la pauvreté et de la faiblesse du pouvoir d'achat, des centaines de familles se rabattent sur la consommation du pain jusqu'au jour où l'Etat décidera de ne plus subventionner la farine panifiable. En attendant, plusieurs milliards de dinars partent à la poubelle ou dans les écuries.