Les objectifs diplomatiques du président américain, Barack Obama, après un an de pouvoir et la montée en puissance de la Chine, seront au centre de la Conférence sur la sécurité ce week-end à Munich (sud de l'Allemagne). Yang Jiechi sera le premier ministre chinois des Affaires étrangères à participer, vendredi après-midi, à ces entretiens sur la sécurité qui réunissent depuis 46 ans responsables politiques et experts du monde entier. «Nous ne pouvons répondre aux questions de sécurité qui se posent aujourd'hui qu'en pensant globalement», a expliqué Wolfgang Ischinger, le diplomate allemand qui organise la conférence. «Et cela signifie impliquer l'Asie». L'attitude de Pékin sera soigneusement étudiée car les relations avec Washington s'enveniment en raison notamment de ventes d'armes américaines à Taïwan. Yang Jiechi doit prononcer un discours sur les problèmes sécuritaires posés, notamment par les changements climatiques et les problèmes d'alimentation mondiale. Les conférenciers s'intéresseront aussi à la vision stratégique de désarmement nucléaire proposé par M.Obama, notamment à la lumière d'un accord possible avec Moscou sur un nouvel instrument pour succéder au Traité de réduction des armes stratégiques (Start) conclu en 1991 et qui a expiré en décembre. Par ailleurs, la Russie et les Etats-Unis prendront part en mai à une conférence internationale de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Le nucléaire iranien sera, bien sûr, à l'ordre du jour à un moment où les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, et l'Allemagne cherchent le soutien de la Russie et de la Chine pour renforcer les sanctions contre Téhéran, accusé de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Parmi les quelque 300 diplomates et dirigeants à la conférence figureront le sénateur américain John Kerry, ancien candidat démocrate à la Maison-Blanche, le conseiller du président Obama pour les Affaires de sécurité nationale, le général James Jones, et Richard Holbrooke, représentant américain pour le Pakistan et l'Afghanistan. L'an dernier, le vice-président Joe Biden avait promis à Munich un «nouveau ton» en matière de politique étrangère et une nouvelle donne dans les relations de Washington avec Moscou. «Après une année de grandes visions, la pression croit pour que ces belles paroles soient suivies de faits», selon M. Ischinger. Le président afghan Hamid Karzaï, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, ainsi que des hauts représentants du Pakistan, d'Israël et de la Palestine seront également au rendez-vous du gotha militaro-diplomatique. La Russie sera représentée par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont les déclarations sont très attendues, notamment sur les relations entre Moscou et l'Otan et la question iranienne. Il y a trois ans, le président russe de l'époque, Vladimir Poutine, s'était rendu à Munich pour y dénoncer en termes très vifs la politique jugée agressive et unilatérale du président George W.Bush. Depuis, son successeur s'est prononcé en faveur du désarmement nucléaire et a renoncé à un projet controversé visant à installer un bouclier antimissile en Europe de l'Est. Mais l'administration américaine entend toujours contrer une éventuelle menace balistique iranienne avec l'aide, cette fois, de missiles de courte portée, en accord avec la Pologne, la République tchèque, et la Roumanie. Washington compterait également placer des missiles antimissile à Bahreïn, au Qatar, au Koweït et dans les Emirats arabes unis, ainsi qu'à bord de navires au large de l'Iran.