Certains établissements en milieu rural accueillent les élèves dans des classes sans vitres et avec des bancs non fixés. Dans notre édition du mercredi dernier nous avons rapporté le contenu d'une réunion du wali avec les 34 directeurs des établissements secondaires que compte la wilaya. Le taux minimum de 40% de réussite au baccalauréat a été retenu et exigé. Ce taux qui, selon une source proche de la direction, n'est pas du goût du ministre de tutelle, reste, selon les enseignants, difficile à réaliser quand on se réfère à la réalité du terrain. «Le Bac reste une étape d'évaluation de tout un cursus scolaire. Ce n'est pas le résultat du travail d'une année et la responsabilité d'un groupe d'enseignants seulement», soulignera un professeur de mathématiques du lycée Seddik-Benyahia. «Comment voulez-vous travailler dans une salle où, au mois de février, le thermomètre flirte avec les 2 à 3°? Il est très difficile de motiver, de concentrer l'esprit d'un élève qui grelotte de froid» joutera notre interlocuteur. Ce problème touche même des établissements implantés en milieu urbain, dotés du gaz de ville. La situation est plus critique en milieu rural ou dans des communes dépourvues de moyens financiers. Beaucoup d'écoles primaires nécessitent des travaux d'étanchéité et font face au manque de fuel. Ces écoles accueillent des enfants dans des classes sans vitres. Le mobilier reste vétuste puisque des enfants s'asseoient sur des tables sans casiers, sur des bancs non fixés et qui représentent un réel danger... La direction de l'éducation renouvelle le mobilier selon la disponibilité des budgets mais certaines APC ne réagissent pas à la même cadence pour des raisons de finances. L'absentéisme, qui avait servi d'argument à certains directeurs lors de cette réunion, n'est pas toujours une réaction volontaire de l'enfant. Le ministère de la Solidarité nationale a, à maintes reprises, attribué des bus aux communes. Lors d'une sortie dans l'une d'elles de la région est, des enfants ont interpellé le wali sur l'inexistence du transport scolaire alors que cette localité avait bénéficié gratuitement de deux bus. «Lors des divers moments de contestation citoyenne qu'a connus la région, les bus ont été caillassés et les vitres avant brisées», répondra un élu local à notre question. Est-ce une raison pour pénaliser les enfants qui font parfois plus de 5 kilomètres pour rejoindre l'école? La décision des responsables de prévoir des cours de soutien au sein des établissements est favorablement accueillie mais elle reste insuffisante tant que certains particuliers continueront à dispenser des cours privés dans des garages. Pour tenter de montrer l'efficacité de cette activité lucrative, certains enseignants choisissent les candidats. «Souvent on prend les bons pour s'enorgueillir en fin d'année d'avoir réalisé des résultats. Un élève dont les notes oscillent entre 12 et 14 n'a pas besoin de cours pour passer son Bac ou son BEM», nous disait un professeur au mois de janvier quand on a soulevé ce phénomène qui s'étend et touche l'ensemble des paliers du cursus scolaire. Cette façon de faire concerne désormais même les élèves inscrits au primaire. Le taux de réussite au Bac reste peut-être une référence quant à la performance du système scolaire certes, mais cette évaluation perd de son sens si on ne considère pas les paramètres dans leur globalité. Les places pédagogiques dans le palier supérieur conditionnent souvent le nombre d'admis. «Voilà un cadre où les associations des parents d'élèves doivent réagir au lieu de se précipiter à approuver ou désapprouver les actions des enseignants», conclura notre professeur.