L'administration Obama invite les pays réticents à «changer d'approche» quant au dossier du nucléaire iranien. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a affirmé hier douter qu'un accord sur le nucléaire soit proche avec l'Iran et a invité les pays réticents à de nouvelles sanctions contre Téhéran à «changer d'approche». A Téhéran, le chef du parlement Ali Larijani a quant à lui accusé les Occidentaux de vouloir «tromper» son pays sur ce dossier. «Je n'ai pas le sentiment que nous soyons proches d'un accord» avec l'Iran, a déclaré M.Gates à la presse, lors d'une visite en Turquie. «La réalité est qu'ils (les Iraniens) n'ont rien fait pour rassurer la communauté internationale sur le fait qu'ils sont prêts à se conformer au Traité de non prolifération nucléaire ou à stopper leur marche vers une arme nucléaire», donc «je pense que certains pays doivent se poser la question de savoir s'il n'est pas temps de changer d'approche», a-t-il ajouté. «Si l'Iran a décidé d'accepter la proposition des 5+1 (les pays en charge du dossier nucléaire iranien), elle doit le dire à l'Aiea», l'Agence internationale de l'énergie atomique, a déclaré M.Gates. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait déclaré mardi que son pays était toujours prêt à échanger une partie de son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre du combustible hautement enrichi (20%) à l'étranger, destiné à son réacteur de recherche de Téhéran. Quant au ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, il avait estimé vendredi à Munich, où se tient la 46ème Conférence sur la sécurité, qu'un accord «final» sur l'échange d'uranium avec l'Iran était à portée de main. L'Iran avait rejeté en novembre une proposition des six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur l'envoi de la plus grande partie de son stock d'uranium en Russie et en France pour y être transformé en combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran. Les Occidentaux redoutent que le programme nucléaire iranien ne dissimule des fins militaires et ont réagi avec prudence à l'annonce du président iranien, craignant que Téhéran ne cherche encore à gagner du temps. «On me dit qu'ils proposent un nouvel accord sur leur réacteur de recherche. Mon opinion est que c'est une discussion que les Iraniens feraient mieux d'avoir avec l'Aiea plutôt qu'à la conférence de Munich ou dans des conférences de presse organisées par le président Ahmadinejad, s'ils sont prêts à accepter la proposition faite à l'origine par les 5+1», a dit M.Gates. «Il y a de plus en plus d'uranium faiblement enrichi qui est produit. Donc s'ils veulent accepter la proposition des 5+1, cela implique que cela se fasse aussi vite que possible», a-t-il ajouté. «Il y aura un effort à faire pour discuter avec la Chine», réticente à de nouvelles sanctions contre l'Iran, a estimé M.Gates. Vendredi à Munich, le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, a appelé à la «patience», au «dialogue et à la négociation» avec l'Iran. A Téhéran, le chef du parlement a accusé les Occidentaux de vouloir «tromper» son pays. Les Occidentaux disent: «Vous devez suivre la voie que nous avons définie pour la fourniture du combustible pour le réacteur de Téhéran sinon nous vous punirons», a-t-il dit. «Mais ils savent qu'il s'agit d'une tromperie politique et ils veulent nous enlever l'uranium enrichi par l'Iran», a-t-il ajouté. Plusieurs membres du groupe de Six ont exprimé leur scepticisme quant aux récentes déclarations iraniennes. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a accusé vendredi l'Iran d'«obstruction systématique» et exigé des «actions concrètes». La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, a appelé hier Téhéran à donner une réponse formelle à Aiea, pour rétablir la confiance.