Les sanctions que s'apprêtent à voter le Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Iran, suite au consensus arraché par les Etats-Unis auprès des membres permanents de cet organe exécutif, risquent de n'avoir aucun effet sur les projets nucléaires de la République islamique. Après plusieurs mois d'intenses tractations diplomatiques, les Etats-Unis ont réussi à convaincre la Chine et la Russie, qui étaient réticents, en plus de la France et la Grande-Bretagne, acquis à leur cause, de soutenir le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour de nouvelles sanctions contre l'Iran. Mais, selon les analystes, les efforts récompensés de l'administration pourraient avoir peu d'effet sur la République islamique et ses ambitions nucléaires. C'est l'avis de Richard Haas, président du Council on Foreign Relation (CFR), un centre de réflexion de Washington, qui estimera que “la bonne nouvelle, c'est que les Etats-Unis et les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité ont finalement réussi à se mettre d'accord sur une résolution”, mais, ajoutera-t-il, “la mauvaise nouvelle, c'est que rien ne montre dans l'histoire récente que des sanctions limitées, comme celles prévues, ont la capacité de détourner les responsables iraniens de leurs objectifs”. “Hélas, de telles sanctions risquent de ne pas atteindre leur objectif non plus”, soulignera Haas, qui estime que la communauté internationale va devoir décider si elle préfère vivre avec un Iran doté de l'arme atomique en pratiquant une politique de dissuasion, ou avec Israël ou les Etats-Unis bombardant les sites nucléaires iraniens. Pour lui, cela ne sera évité que si l'Iran ne “change d'avis” ou de gouvernement. Il n'en demeure pas moins que Haas ne voit pas pour autant un geste vain, car, argumente-t-il, “le fait que l'Iran a passé la plus grande partie de la semaine à tenter de contrer le projet de sanctions en proposant un plan alternatif”. À partir de là, il affirmera que “l'Iran ne veut pas voir cette résolution passer”. Il corrobore les déclarations du secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, qui avait indiqué que “si la résolution n'avait vraiment aucun effet sur l'Iran, je ne vois pas pourquoi les Iraniens ont fait tant d'efforts pour empêcher son adoption”. Selon les analystes, si le nouveau train de sanctions est adopté par le Conseil de sécurité, il ouvrira la voie à d'autres mesures de rétorsion, bilatérales celles-ci, de la part des Etats-Unis et de certains pays de l'Union européenne. Quant à Karim Sadjadpour, expert à la Carnegie Endowment for International Peace, un autre centre de réflexion washingtonien, il verse dans le même sens en déclarant : “Je ne pense pas que qui que ce soit s'attende à ce que ces sanctions atteignent leur but et que l'Iran accepte des compromis contraignants sur le nucléaire.” “Ce n'est pas parce que Téhéran ne va pas en ressentir les effets”, mais parce que “la République islamique a, depuis longtemps, montré qu'elle préférait soumettre sa population à la détresse économique plutôt que de faire des compromis sur ses objectifs politiques et idéologiques”, argumentera-t-il. Ceci étant, le compromis trouvé avec les quatre autres pays membres permanents a été d'autant plus spectaculaire qu'il est intervenu au lendemain de l'annonce d'un accord de Téhéran avec la Turquie et le Brésil pour échanger une partie de son uranium faiblement enrichi en Turquie. En réaction, l'Iran a menacé, samedi, de revenir sur cet accord si les grandes puissances ne l'acceptaient pas dans sa totalité.