«Il n'est pas question de recevoir l'aumône. C'est nous qui rendons service aux gestionnaires de la télé», souligne le président de l'Association des réalisateurs professionnels algériens. Suite à la dernière réunion élective qui a vu le réalisateur et producteur Lamine Merbah promu à la tête de l'Association en remplacement de Belkacem Hadjadj qui n'a pas daigné se représenter, l'Association des réalisateurs professionnels algériens (Arpa) s'est réunie samedi dernier afin de tracer son cahier des charges et énumérer son plan d'action devant être mis en application dans le courant de 2010. Plus d'une vingtaine de personnes entre réalisateurs, producteurs et autres professionnels du secteur audiovisuel ont répondu présent à cette rencontre. Cependant, Lamine Merbah n'a pas manqué de montrer son mécontentement quant aux absentéistes, sous-entendre le manque de solidarité et la nécessité de se constituer en bloc afin de donner «plus de force au bureau pour agir», argue-t-il. Les doléances du bureau avaient, par ailleurs, pour cible, le ministère de la Culture et l'Entv. Aussi, l'Onda et le ministère des Finances. Pour la première partie, deux points ont été soulevés, lesquels seront proposés incessamment au ministère de la Culture. Le premier concerne la tutelle et la profession et consiste en l'aide en termes de production-distribution etc. Le montant actuel de l'aide du Fdatic étant à hauteur de dix millions de DA, Lamine Merbah, qui l'estimera «dépassé», proposera sa réactualisation à la hausse autrement dit à 30 millions de dinars pour le long métrage et entre 8 et 9 pour le court métrage. «Il n'y a pas d'aide apportée au cinéma. Il n'y a plus de gratuité. Les citoyens veulent être payés. Le bénévolat a disparu.» Faisant allusion au ministère des Finances, Lamine Merbah dira que si l'Etat aidait convenablement le cinéma, les projets de scénario seront revus avec plus d'attention. Le deuxième point soulevé touche le fonctionnariat. L'ancien directeur de la commission de lecture de scénaris au sein du ministère de la Culture demandera à ce que l'Arpa «soit présente à titre d'observateur pour plus d'objectivité et de rigueur» Une télé nationale dépassée En direction de la Télévision nationale, celle-ci accusée de tous les maux de la terre, Lamine Merbah fera prévaloir son ancienneté professionnelle au sein de cette institution laquelle a «grugé» plus d'une personne, selon lui et ce, en l'incitant à quitter cet établissement public pour se lancer dans le privé et la laisser tomber par la suite, acculé à toutes sortes de «misères socioprofessionnelles. «jusqu'à nos jours, ce sont les films de l'Oncic qui passent sans cesse et qui alimentent la télé. Ces réalisateurs n'ont rien eu en retour. La télé d'aujourd'hui est faible. Elle vit grâce à 80% de ces oeuvres. Nous sommes présents. On veut continuer à l'être», a-t-il fait remarquer. Et de renchérir: «Il n'est pas question de recevoir de l'aumône. C'est nous qui rendons service aux gestionnaires de la télé.» M.Lamine Merbah réclamera la contribution de l'Arpa dans l'élaboration de la grille du programme tout en soulignant la nécessité de revoir le barème qui date de 2007. «Il y a lieu de faire pression sur la télé pour le réviser car ce n'est pas un testament définitif.» Autre question très importante débattue, celle relative aux droits d'auteur. Beaucoup de films passent et repassent dit-on sans que leurs auteurs touchent un sou. Les droits d'auteurs ne concernent que la diffusion hertzienne nous apprend-on. «On est payé uniquement quand cela passe sur la chaîne terrestre et pas sur les deux autres chaînes (A3 et Canal Algérie.) C'est une atteinte aux droits des auteurs. Or, sur le satellite, c'est vu par beaucoup de monde!», s'exclame-t-on. Aussi, l'Arpa se donne trois mois pour concrétiser ces points. La sonnette d'alarme Beaucoup de doléances et de plaintes ont émané ici et là de la part de ces réalisateurs, issus de l'ancienne école pour la plupart qui, aujourd'hui, semblent se battre contre des moulins à vent. N'étant pas un syndicat, l'Arpa s'est ainsi engagée à répondre et satisfaire les cas personnels qui peuvent concerner tout le monde. «C'est un scandale à dénoncer, dira l'un des réalisateurs. Le directeur de la production de la télé nous a fait signer des contrats pour l'achat de droits à des prix médiocres. Les baromètres ne sont pas respectés. Il y a des vols d'images incroyables au sein de l'Entv. La télé m'a volé des images.» Et un autre de lâcher: «La télé s'immisce au sein même de nos images, en coupant nos génériques.» Autre constat affligeant: «L'argent du Fdatic est donné n'importe comment et à n'importe qui, à des taux divers. Sur quels critères donne- t-on à l'un plus qu'à l'autre?», se demande-t-on. Des traitements de faveur soulignés par ces réalisateurs, lesquels sont revenus à maintes reprises sur le caractère frauduleux par lequel serait passé l'Entv. S'agissant encore des droits d'auteurs, nous apprenons qu'aujourd'hui seul le Cnca (Centre national de la cinématographie et de l'audiovisuel) est habilité à assigner en justice l'Entv car possédant les droits des films des trois boîtes de distribution dissoutes tels l'Enpa ou le Caiic. Or celui-ci ne peut le faire eu égard à son statut d'Epic. «Il ne ramasse pas l'argent», dit-on. Concernant l'activité de l'Arpa dans le volet formation, celle-ci, affirme Lamine Merbah, consiste à soutenir les réalisateurs dans la réhabilitation de leurs droits, dans le cadre organisationnel de la profession, mais n'a que faire de l'argent du ministère de la Culture quand il s'agit de former des stagiaires pour finir au chômage après. «Je ne vais pas former des stagiaires pour rester les bras croisés.» Et le réalisateur de Mimezrane, la filles aux tresses, Ali Mouzaoui de conclure: «Il faut se battre pour garantir le minium de dignité de ces réalisateurs qui sont emmurés dans le silence total loin de la profession.» A méditer.