Treize membres de la confrérie ont été arrêtés à l'aube en plusieurs endroits du pays, parmi eux, trois hauts responsables ont été interpellés au Caire. La police égyptienne a procédé hier à une vague d'arrestations chez les Frères musulmans, dont le numéro deux du mouvement, intensifiant la pression sur la principale force d'opposition du pays et son nouveau chef, au début d'une période électorale chargée. Treize membres de la confrérie ont été arrêtés à l'aube en plusieurs endroits du pays, a annoncé l'avocat de l'organisation, Me Abdel Moneim Abdel Maksoud. Parmi eux, trois hauts responsables ont été interpellés au Caire: Mahmoud Ezzat, adjoint du guide des Frères musulmans égyptiens, ainsi qu'Essam Erian et Abdel Rahman el-Berr, selon un communiqué de l'avocat publié sur le site Internet de la confrérie. Un responsable des services de sécurité a déclaré, sous couvert de l'anonymat, que ces personnes avaient été arrêtées pour «appartenance à une organisation illégale», sans plus de précisions. Ces arrestations sont les premières à viser de hauts dirigeants de la confrérie depuis la désignation d'un nouveau guide, Mohamed Badie, mi-janvier. Elle surviennent également alors que le pays aborde plusieurs échéances électorales importantes: renouvellement partiel de la Choura (chambre consultative) en avril, législatives à l'automne et présidentielle en 2011. Principale force d'opposition du pays, les Frères musulmans sont officiellement interdits en tant que parti politique mais relativement tolérés dans les faits en dépit d'arrestations fréquentes. En octobre, 20 membres de la confrérie avaient été interpellés à Mansoura, dans le delta du Nil, et en décembre dix cadres du mouvement avaient été arrêtés dans la province de Kafr el-Cheikh, dans la même région. Les Frères musulmans avaient fait une percée historique aux législatives de 2005, remportant un cinquième des sièges au Parlement avec des députés étiquetés «indépendants». Mi-janvier, le conservateur Mohammed Badie a été élu 8e guide de la confrérie, en remplacement de Mehdi Akef, un membre de la «vieille garde» dont la fin de mandat a été minée par de profondes divergences entre conservateurs et réformistes. Ancien radical, M.Badie a toutefois multiplié les déclarations mesurées. «Nous croyons à la réforme progressive par des moyens pacifiques et constitutionnels, nous refusons la violence» a-t-il assuré au moment de son investiture. Le renforcement du camp conservateur avait alors été analysé comme un relatif retrait de la confrérie du champ politique classique au profit d'un travail de fond d'islamisation de la société égyptienne. Mais la volonté exprimée par la suite de rester en lice sur le terrain électoral pourrait être à l'origine de ce regain de pression policière. «Le régime veut entraver la participation des Frères aux scrutins (de la Choura et de l'Assemblée), surtout depuis que nous avons annoncé que nous envisagions de participer aux élections de la Choura», a déclaré Hamdi Hassan, porte-parole du bloc parlementaire des Frères musulmans. Pour Hossam Tamam, chercheur et spécialiste des mouvements islamistes, ces arrestations «font partie de la stratégie du régime vis-à-vis des Frères consistant à leur asséner des frappes partielles pour les affaiblir, sans entrer dans une confrontation totale». Fondés en 1928, les Frères musulmans égyptiens constituent la branche la plus ancienne et la plus importante du réseau international de la confrérie, sur lequel ils gardent une primauté symbolique.