Le marché pétrolier a réagi violemment, lundi, aux menaces brandies par les Etats-Unis contre le régime irakien. Le prix du brut de référence (light sweet crude) pour livraison rapprochée en septembre a ainsi atteint les 29,84 dollars, son niveau le plus haut depuis quinze mois. Cette hausse est indubitablement due aux dernières déclarations de Bush, qui sollicitait le Congrès afin d'approuver un plan énergétique de circonstance qui préserverait les Etats-Unis contre des perturbations probables des approvisionnements. Plus qu'un signe évident de la détermination de Bush à lancer, prochainement, des attaques contre l'Irak, les observateurs y constatent les doutes persistants du président américain, inquiet de l'aptitude du cartel à ouvrir ses vannes si les cours venaient à dépasser la barre des 28 dollars. Doutes certainement nourris par la vague de froid qui traverse les relations américano-saoudiennes, longtemps au beau fixe et qui ont subitement tourné au vinaigre. Cette hausse des prix pourrait néanmoins profiter à l'Algérie et au Nigeria qui espèrent une révision à la hausse de leurs quotas respectifs au sein de l'Opep si toutefois cette dernière décide, en dernier lieu, le 19 septembre prochain, d'augmenter sa production. Une décision qui mettrait le marché en confiance et éviterait des fluctuations vertigineuses si des attaques contre l'Irak étaient maintenues, mais qui, en revanche, priverait le cartel de toute pression politique susceptible de minimiser les risques d'une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Guerre qui déstabiliserait certainement le calme précaire de la région et qui amènerait l'opinion publique arabe à se manifester violemment contre l'Administration Bush, accusée, en outre, de diaboliser d'une part le régime Saddam et d'autre part, de fermer, et outrageusement, les yeux sur la menace Sharon. Quoi qu'il en soit, c'est la menace «pétrole» qui semble, pour l'instant, préoccuper Washington et c'est bien l'Opep qui semble ballottée entre le rôle économique qu'elle doit maintenir et son rôle politique, condition de sa pérennité. Or, il est clair pour tout le monde que si, aux yeux des Etats-Unis, le régime de Saddam doit impérativement disparaître, c'est bien pour que celui qui le remplacera soit, en tout état de cause, «moins voyou». Ce qui débarrassera l'Amérique de sa dépendance vis-à-vis du royaume saoudien, devenu soudain ennemi, et désamorcera, en outre, la menace chiite du voisin iranien.